Ce mardi 11 octobre, la CGT a décidé la reconduction des grèves dans les raffineries de Total Energies, malgré les pressions exercées par le gouvernement. La CGT du groupe Esso-ExonMobil a pris la même décision, alors qu’un accord entre la direction et les deux syndicats majoritaires de l’entreprise avait été signé la veille. Cette reconduction a conduit la première ministre Elisabeth Borne à lancer la procédure de réquisition de personnel pour assurer le fonctionnement des dépôts d’Esso-ExxonMobil.
Le groupe français Esso-ExxonMobil, aux prises avec les grèves, voit deux de ses trois raffineries françaises bloquées depuis fin septembre. La reconduction du blocage a été décidée ce matin par la CGT, tandis qu’un accord sur les salaires a été conclu entre la direction et les deux syndicats majoritaires, la CFE-CGC et la CFDT. Le communiqué de presse du groupe Esso publié le 10 octobre indique que la direction a créé « les conditions qui devraient permettre le redémarrage de ses raffineries en proposant des avancées significatives ». Parmi les solutions proposées par la direction figurent une « enveloppe salariale de 6,5% en 2023 », une « prime de partage d’une valeur de 3000 euros » ainsi qu’une « aide ponctuelle aux transports et à la mobilité pour 2023 ». Malgré cet accord, les blocages ont été reconduits, sous l’impulsion de la CGT. Le délégué syndical central CGT, Christophe Aubert, justifie cette décision en arguant auprès de l’AFP que les solutions proposées ne correspondent pas « aux revendications des salariés grévistes qui demandent du pouvoir d’achat ».
Le gouvernement lance des procédures de réquisition
Cette reconduction malgré l’accord majoritaire a conduit le gouvernement à intervenir. Elisabeth Borne a annoncé ce mardi 11 octobre devant l’Assemblée avoir demandé aux préfets « d’engager la procédure de réquisition de personnels indispensables au fonctionnement des dépôts de cette entreprise ». La première ministre a dénoncé un refus de discuter faisant des Français « des victimes d’une absence de dialogue ». Cette décision suit la déclaration d’Olivier Véran ce matin sur RTL, où le porte-parole du gouvernement estimait que l’accord majoritaire signé entre la direction et les deux principaux syndicats impliquait que « la totalité des blocages soit stoppée sans délai ».
Une intervention possible pour débloquer les raffineries de Total
La première ministre a également affirmé devant l’Assemblée que le gouvernement agirait si la situation ne s’améliorait pas pour le groupe Total Energies. En effet, les représentants de la CGT de Total Energies réclament une revalorisation des salaires plus importante que celle initialement prévue par le groupe afin de pallier l’inflation. Dans une lettre ouverte au Président Directeur Général de Total Energies publiée le 8 octobre, la coordination des syndicats CGT groupe Total Energies demande l’ouverture de négociations, sur la base de ses seules « revendications salariales ». Ces négociations sont présentées comme la seule porte de sortie vers la fin des blocages. La coordination pointe du doigt les « bénéfices stratosphériques » engrangés par l’entreprise grâce à ses employés ainsi que le dividende exceptionnel de 2,62 milliards versé par le groupe à ses actionnaires à cette occasion. Si la CGT réclame une augmentation des salaires de 10% sur l’année 2022, le groupe Total Energies ne semble pas enclin à revenir sur l’augmentation de 3,5% en moyenne déjà octroyée aux employés sur l’année 2022. Les négociations proposées par Total Energies pour le 15 octobre portent en effet sur les salaires de 2023 d’après nos confrères du Monde. Cette situation de blocage des négociations pourrait ainsi conduire le gouvernement à intervenir, comme il l’a fait pour le groupe Esso.