Intitulée « Une jeunesse engagée », l’enquête indique qui sont ces étudiants, et ce qu’ils pensent. Vue d’ensemble de ses principaux résultats.
L’élite de la nation…
Historiquement, Sciences Po a toujours été « l’école de l’élite ». Effectivement, 70% d’entre eux sont issus de Professions et Catégories Sociales favorisées. Dans les autres universités françaises, ce chiffre tombe environ à 40%. Si cela peut paraître énorme, c’est cependant moins qu’il y a vingt ans, quand ils représentaient 82% des étudiants. Une des raisons de ce changement se situe sans doute dans le changement de la procédure d’admission : cette dernière inclut désormais des quotas de 30% de boursiers, dont la moitié issus d’un lycée ayant une « convention d’éducation prioritaire ».
D’ailleurs, ces étudiants assument tout à fait leur appartenance à cette élite « sciencepiste » (70%). Pour autant, ce n’est sûrement pas la méritocratie qui leur a permis d’y accéder selon eux. Alors qu’en 2002, ils étaient 55% à penser que les compétences et les diplômes justifiaient leur appartenance à l’élite, ils ne sont plus que 21% à rejoindre cet avis. A la place, ce sont les relations et la naissance (44%) qui arrivent en tête, l’argent devenant également une raison majeure de cette affiliation (9,9%). Évidemment, une grande partie d’entre eux est « fortement politisée » (54%).
…est à gauche…
Mais alors, que pense cette élite ? Sans surprise, les étudiants de Sciences Po sont, à une écrasante majorité, à gauche. L’étude indique d’ailleurs un « glissement vers la gauche radicale » qui se manifeste de diverses manières. Partiellement défiants vis-à-vis de la politique (32%), leur contestation s’exprime largement à gauche : 55% d’entre eux ont voté pour Jean-Luc Mélenchon dès le premier tour de l’élection présidentielle de 2022 (33% de plus que les Français). Suivent Emmanuel Macron avec 21% (28%), et Yannick Jadot avec 11,7% (4,6%). La droite, de son côté, ne représente que 14% des suffrages contre 22% en 2002. Elle représentait pourtant environ 40% lors de la dernière présidentielle. La représentativité s’étiole encore plus lorsqu’il s’agit de Marine Le Pen : seul 1% des étudiants a voté pour elle, soit plus de 95% de moins que lors de la présidentielle dernière !
Mais ce n’est pas seulement électoralement que ces étudiants se situent à gauche. Spontanément, les étudiants pouvaient proposer des personnalités politiques qu’ils admiraient. Sur les 16 arrivées en tête, seules deux peuvent être classées au centre-droit. En tête, la membre du Congrès Alexandria Ocasio-Cortez, une femme politique américaine classée à l’extrême-gauche qui s’est démarquée par ses positions socialistes, écologistes et pro-immigration. Dans cette liste, on retrouve ensuite la Première Ministre de la Nouvelle-Zélande Jacinda Ardern (écologiste), Emmanuel Macron, Jean-Luc Mélenchon et Volodymyr Zelensky. Christiane Taubira, Sandrine Rousseau et Philippe Poutou figurent également dans ce « Top 16 ».
…ou très à gauche
Les causes défendues par les « sciencepistes » suivent la même tendance. Protection de l’environnement (26%), lutte contre les inégalités (16%) et défense des droits des femmes (15%) sont les trois causes majeures de leur engagement.
Si près de 85% des étudiants ont une bonne image de la laïcité, ils sont près d’un sur deux à considérer que les jeunes filles devraient pouvoir porter le voile à l’école. Au-delà de cette laïcité, c’est le mouvement #Metoo qui a bonne presse chez eux avec 87,6% d’opinions positives. Les syndicats complètent ce podium des « valeurs positives » avec 74,4%.
Cependant, c’est même à l’extrême-gauche que l’on pourrait classer une partie de ces étudiants : 46,6% d’entre eux ont une bonne image du wokisme. Pour ce qui est des valeurs traditionnellement positionnées à droite, le constat est moins éloquent : patriotisme (53,3% de négatif), armée (57,6%), police (60,1%) et autorité (64,4%) gardent une connotation péjorative pour cette partie de l’élite.