Il s’appelle Jean-Marie Fiévet, a 58 ans, et est élu des Deux-Sèvres depuis 2017. Sa proposition ? Un quota carbone individuel, limitant chaque année la quantité d’émissions de CO2 autorisée par habitant. Son argument ? « Il faut atteindre la neutralité carbone et il n’y a pas plein de façons d’y arriver ».
En parallèle, BFMTV a publié ce lundi 14 novembre un reportage de fiction : 2050, Ouvrons les yeux. Celui-ci détaille « un dispositif visant à encourager les consommateurs à limiter leur impact sur le réchauffement ». Concrètement, ce quota réduirait d’année en année, afin de passer de 9 tonnes de CO2 émis chaque année, à 2. La chaîne d’information imagine un dispositif concret : « une sorte de carte bancaire qui totaliserait votre stock de CO2 restant ».
L’idée n’est pas nouvelle. Émise dans les années 90, elle a trouvé une première application en Suède, où une banque, DO BLACK, a créé une carte permettant de voir en temps réel le carbone produit par les achats, et de bloquer -si l’utilisateur le souhaite- sa consommation au-delà d’un certain montant. Sur la base du volontariat, elle n’est pas restrictive.
Une autre idée émise, est celle d’un « nutri-score du carbone », qui afficherait sur chaque produit la quantité de carbone nécessaire pour le produire. Un kilogramme de bœuf équivalent à 27 kg de CO2, il en suffirait d’environ soixante pour atteindre votre limite. Et au-delà ?
Les risques d’une telle mesure
Au-delà, c’est la question que nul n’ose se poser. Car, supposons qu’on sanctionne, comme pour les quotas carbone des entreprises, les dépassements par des amendes, par un nouveau marché du carbone. Problème : en suivant ce principe, il y a lieu d’imaginer que les plus riches feront fi des amendes ou n’auront aucun problème à acheter des quotas carbone, et continueront à consommer autant. Au contraire, les plus pauvres, qui n’ont souvent pas les moyens de réduire leur consommation, ou de la modifier, seront encore plus accablés par une telle mesure.
On connaît bien la levée de boucliers qui avait accompagné la mise en place du passe sanitaire. Au départ rejeté par une grande partie de la population, il avait peu à peu été accepté. C’est d’ailleurs là que la « complosphère » avait virulemment combattu l’idée même d’un « passe climatique ». Aujourd’hui encore, un sondage de l’Institut Elabe révèle que 52% des Français y sont opposés, dont 24% de « très opposés », pour seulement 8% de « très favorables ». Pas une large majorité donc, mais une assez large opposition, qui pourrait répéter le scénario du passe sanitaire. On peut également penser, à ce sujet, au déclenchement du mouvement des Gilets Jaunes, dû à l’instauration d’une taxe carbone sur les carburants.
En effet, on peut imaginer des conséquences inquiétantes à cette mesure écologiste. La « société permissive » est notamment dénoncée par de nombreux libéraux-libertaires. À l’envers des droits de l’homme, elle considère que l’homme n’a pas de libertés inaliénables que l’État doit réduire pour assurer le bon fonctionnement de la société, mais que le citoyen n’a que les droits que lui alloue l’État. Autre problème, il se pourrait bien que les moyens technologiques futurs (de déplacement, ou d’agriculture décarbonée) ne soient pas au rendez-vous d’un calendrier politique trop exigeant.