AccueilGéopolitiqueSommet de l’ASEAN : la Birmanie au cœur des discussions

Sommet de l’ASEAN : la Birmanie au cœur des discussions

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Chaque année depuis sa fondation en 1967, l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est réunit ses membres dans l’une de ses capitales. Cette année, c’est la capitale du Cambodge, Phnom Penh, qui accueille pour trois jours les délégations officielles : l’Indonésie, la Malaisie, Singapour, la Thaïlande et les Philippines en sont les fondateurs, rejoints depuis par le Brunei, le Vietnam, le Laos, Birmanie et le Cambodge dernièrement. Ce rendez-vous doit permettre aux parties prenantes de définir leurs axes de coopération pour les grandes orientations géopolitiques et commerciales à venir. L’ASEAN devrait en plus accueillir des partenaires extérieurs, dont la Chine, le Japon et la Corée du Sud. Le président Joe Biden est attendu samedi. Mais le sujet principal semble être la Birmanie, dont la junte est accusée de multiples violations des droits de l’homme. 
  

Quel processus de paix pour la Birmanie ? 
  
Depuis l’année dernière, la Birmanie s’est vu interdire l’accès au sommet, compte tenu des graves violations des droits de l’homme commises par la junte de Min Aung Hlaing. Le dirigeant est arrivé au pouvoir grâce au coup d’État du 26 janvier 2021, avec pour corollaire, une répression sanglante de l’opposition. La question est délicate, car plusieurs acteurs internationaux, dont l’Union Européenne et la Chine, incite l’ASEAN à être plus ferme avec le régime birman, qui reste imperméable à toute intervention étrangère. 
  
Ce vendredi 11 novembre, le président de la République des Philippines, Ferdinand Marcos Jr, et le premier ministre cambodgien Hun Sen ont pris la parole sur la nécessité de rester « patients » avec la junte. Parmi les décisions prises, celle d’intégrer les groupes d’opposition aux pourparlers de paix. Une idée immédiatement rejetée par le pouvoir birman, qui refuse toute discussion. « La Birmanie s’oppose fermement et condamne les tentatives des États membres de l’ASEAN d’avoir affaire avec ces organisations illégales et terroristes », répondait dans l’après-midi le ministère des Affaires étrangères de la junte, dans un communiqué. Alors que l’ASEAN s’apprête à dépêcher un envoyé spécial pour avoir un dialogue « flexible et informelle », les médias officiels birmans mettent en garde contre les conséquences « négatives » qu’engendrerait l’application d’un calendrier pour le processus de paix, comme le relaient nos confrères du Point. 
  
 
Une adhésion de principe pour le Timor Oriental 
  
L’autre sujet, c’est celui de l’élargissement de l’organisation à la République démocratique du Timor Oriental. Ancienne colonie portugaise jusqu’en 1975, le Timor Leste est réellement indépendant depuis 1999, après que l’ONU a contraint l’Indonésie à laisser le territoire s’autodéterminer. Les membres de l’ASEAN viennent de se déclarer, dans un communiqué publié ce jour, être officiellement favorable à l’adhésion du pays à leur organisme. Une adhésion de principe qui ouvre la voie aux étapes pratiques qui feront du Timor Oriental le 11e membre de l’ASEAN
  

Un contexte socio-économique dégradé, mais pas figé 
  
Lors de son discours d’ouverture, le président du Cambodge a averti qu’il faudrait « rester vigilants » car « la situation socio-économique dans l’ASEAN et le reste du monde reste fragile et divisée ». L’organisme est fondé sur un modèle de croissance extraverti, avec une ouverture renforcée aux échanges commerciaux et aux investissements directs à l’étranger IDE. Mais malgré des conditions très favorables et un marché énorme (9% de la population mondiale), les exportations n’ont pas encore recouvré leur niveau d’avant crise du Covid-19. En mai 2022, la France exportait pour 12,4 milliards d’euros de marchandise, contre 16,5 milliards en 2019. Les principales exportations françaises sont l’aéronautique, les produits de luxe et les produits pharmaceutiques, informatiques et électroniques. 
  
Au niveau européen, un partenariat commercial signé en 1972 fait de l’Union Européenne le premier partenaire officiel de l’ASEAN. Depuis la fin de la crise du Covid, L’UE entend bien augmenter ses débouchés en Asie du Sud-Est. On pense notamment aux semi-conducteurs, dont la Malaisie est productrice, et qui font face à une demande mondiale insatiable. La firme américaine Intel a d’ailleurs investi 7 milliards de dollars en Malaisie en août 2021.

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