Dimanche 6 novembre, la COP27 s’est ouverte à Charm el-Cheikh en Égypte. La 27ᵉ conférence mondiale sur le climat de l’ONU, qui rassemble 200 pays, est inaugurée par la prise de parole de 110 chefs d’État, entre lundi 7 et mardi 8, qui précède deux semaines de négociations. Le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, alertant sur l’urgence climatique, a estimé que cette conférence serait l’opportunité de faire un choix entre la « solidarité » et le « suicide collectif ». Antonio Guterres attend de cette réunion mondiale qu’elle pose : « les fondations pour une action climatique plus rapide et plus courageuse, maintenant et pendant cette décennie qui décidera si le combat pour le climat est gagné ou perdu ».
La conférence intervient 7 ans après l’Accord de Paris au cours duquel l’objectif de ne pas dépasser les 1,5°C de réchauffement d’ici à 2100 et par rapport à l’ère préindustrielle avait été établi. Si pour y parvenir, il faudrait réduire les émissions à effet de serre de 45% d’ici à 2030, les politiques menées actuellement présagent un réchauffement de 2,8°C d’ici à la fin du siècle. Ces prévisions vont aussi à l’encontre de l’objectif principal et moins ambitieux de l’Accord de Paris, dont les États-Unis s’était retiré sous Donald Trump, celui d’un réchauffement de 2°C d’ici à 2100. Malgré l’ampleur du défi, les États-Unis et la Chine, qui connaissent des relations tendues, ne sont pas présents à la conférence. Les chefs d’État des deux pays devraient néanmoins se retrouver à Bali, en marge du sommet du G20 qui se tiendra entre le 15 et le 16 novembre.
Cette COP27 est l’occasion de mettre un dossier brûlant à l’agenda officiel, intitulé « pertes et dommages ». Il s’agit des revendications portées par les pays du sud, qui disposent de moyens réduits pour faire face aux catastrophes climatiques et sont responsables d’une plus faible part des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Ces 135 pays qui représentent 80% de l’humanité et appellent à plus de justice sont rassemblés dans l’organisation « G77 et Chine ». Ils demandent la création d’un mécanisme financier spécifique qui permettrait aux pays développés de reverser des compensations financières aux pays en développement pour pallier les conséquences économiques dont ils souffrent à cause du changement climatique. La chargée de campagne climat pour l’ONG CARE France, Fanny Petitbon a évoqué la « dette climatique » des pays du nord vis-à-vis de ceux du sud.
Les États-Unis, qui avaient déjà rejeté la création d’un mécanisme spécifique, se sont cependant montrés ouverts à la mise en place de compensations ponctuelles. L’envoyé spécial pour le climat John Kerry a déclaré être ouvert à « des arrangements financiers ponctuels ». L’Union Européenne a quant à elle affirmé être prête à examiner une « mosaïque de réponses » mais reste fermée à un système de financement spécifique.
Les revendications autour de cette « dette climatique » sont d’autant plus vives que le Pakistan a subi cet été des inondations intenses qui ont causé la mort de 1700 personnes et des dégâts matériels très importants et que l’Afrique de l’Est est menacée par la sécheresse. La question climatique pourrait être difficile à traiter alors que les États-Unis et la Chine, principaux émetteurs de gaz à effet de serre, sont absents de la conférence et que les tensions Nord-Sud s’intensifient.