Si la Miviludes a reçu un nombre important de signalements concernant des mouvements déjà connus, comme les sectes multinationales (témoins de Jéhovah, église de la scientologie, etc.) et les différentes mouvances religieuses, elle relève une mutation des dérives sectaires ces dernières années. Selon la secrétaire d’État chargée de la citoyenneté Sonia Backès, des nouveaux mouvements sectaires se sont vus offrir « un terreau fertile » par la crise sanitaire.
L’isolement des personnes rendues sensibles à un discours qui « remet en question la science et la crédibilité » aurait été en effet favorisée l’émergence des dérives sectaires dans le domaine de la santé auquel sont liées 744 saisines. 70 % de ces saisines concernent des « pratiques de soins non conventionnelles », comme la naturopathie, le reiki ou encore la nouvelle médecine germanique, selon le rapport. Le rapport donne pour exemple un naturopathe condamné en 2021 par le tribunal correctionnel pour pratique illégale de la médecine. Celui qui se présentait comme « médecin moléculaire » incitait ses patients à se soigner à l’aide d’huiles essentielles et à pratiquer des jeunes très sévères, deux de ses patients atteints de cancer sont ainsi décédés.
Les signalements liés au développement personnel sont au nombre de 173 et forment aussi un sujet préoccupant. Ce nombre élevé témoigne entre autres des dérives liées au coaching, qui concernent 54 % de ces signalements. Le rapport démontre que des coachs animant des groupes parviennent progressivement à couper leurs clients du monde et à les mettre à leur merci pour leur soutirer de l’argent. Les ventes multi-niveaux et les formations en ligne à destination des jeunes hommes sont aussi visées par des signalements, représentant 86 saisines en 2021. Les victimes qui sont piégées par des publicités leur promettant de s’enrichir finissent par s’endetter personnellement et se couper de leur entourage au fur et à mesure qu’elles progressent dans ces sociétés pyramidales.
De nombreux autres domaines sont concernés par les signalements, comme le masculinisme, le féminisme, le new age ou encore l’écologie. Le développement d’Internet est en partie à l’origine de ce « paysage sectaire plus vaste, plus segmenté et plus mouvant » selon la Miviludes. Face à ces mutations, Sonia Backès a déclaré qu’elle comptait faire de la lutte contre les dérives sectaires « l’axe prioritaire » de son action aux côtés du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin. La Miviludes a bénéficié d’un financement du gouvernement qui lui a permis de lancer un appel à projet à un million d’euros pour encourager les initiatives sur le terrain, notamment dans le monde associatif. La lutte contre les dérives sectaires s’annonce cependant ardue étant donné le caractère mouvant inédit qu’elles acquièrent avec le développement d’Internet.