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Europe de l’Est : aux portes de la guerre

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 Nés en 1991, les pays baltes sont nés dans l’adversité vis-à-vis de leur puissant voisin. Six millions d’habitants, répartis en trois pays, au bord de la mer Baltique, partagent une histoire à cheval entre la Russie et l’Europe de l’Est. Aujourd’hui, la permanence de l’Histoire se fait fortement sentir, dans des pays divisés. 

En Pologne en revanche, c’est différent. L’histoire millénaire de cette nation l’a conduite à subir les assauts, à l’ouest, de son voisin allemand, et à l’est, de la Russie. Un sentiment national fort et la préservation d’une identité conservatrice lui ont permis de survivre malgré les nombreuses invasions qui l’ont traversée. 

 
La Pologne : obus ukrainien et peur de l’ogre 

« L’ogre » russe a longtemps constitué un ennemi fondateur du sentiment national polonais. Pays fondamentalement atlantiste par opposition, la Pologne ressent encore aujourd’hui un frisson lorsqu’elle se souvient de son demi-siècle communiste. 

Cependant, si en 1939, les Alliés ont refusé de « mourir pour Dantzig », aujourd’hui, le pays est bien partie intégrante de l’OTAN, à la différence de l’Ukraine. Membre controversé de l’Union Européenne, il fait partie, avec la Hongrie de Viktor Orban et l’Italie de Giorgia Meloni, des conservateurs atlantistes du Vieux Continent. 

C’est dans le petit village de Przewodow qu’OMERTA s’est d’abord rendu. Ici, à quelques kilomètres de la frontière ukrainienne, un missile s’est abattu sur une ferme, causant ainsi deux morts. Dans un premier temps, nombreux sont ceux qui ont cru à l’hypothèse d’un tir russe, qui déclencherait volontairement ou pas l’intervention de l’OTAN contre la Russie, et donc un conflit bien plus général et violent. Pourtant, au bout de quelques heures, l’enquête révèle qu’il s’avère finalement d’un missile ukrainien qui a dévié de sa trajectoire. 

Armand Aleksanyan s’est rendu à cette ferme. Malgré leur méfiance initiale, les habitants de Przewodow se livrent petit à petit, et racontent leur peur que la guerre n’éclate, alors que le front est sur le pays frontalier. 

Nos reporters longent, eux, une autre frontière, vers le nord, avec la Biélorussie. L’entrée dans les terres baltes marque alors le début d’une nouvelle étape. 

 

Les pays baltes : trois petites Ukraines 

Dans le fond, les pays baltes ont tout de même beaucoup de points communs avec l’Ukraine. Créés en 1991, ils sont trois membres arrachés de l’URSS : libérés du joug communiste, ils sont aussi une preuve vivante de la faiblesse passée de l’Empire russe. 

Ils partagent également une autre caractéristique, rarement rappelée dans les médias occidentaux : leur est est resté russophone, comme celui de l’Ukraine, et certains sont sensibles au projet de Vladimir Poutine. 

Pour le voir de leurs propres yeux, nos reporters se rendent dans l’enclave de Dieveniškės en Lituanie, petite poche de territoire cernée de toutes parts par la Biélorussie voisine. Ici, Russes, Biélorusses, Lituaniens et même Polonais vivent ensemble… en parlant russe. Pas de soutien à la Russie, mais une indifférence marquée pour la situation géopolitique. En revanche, à Vilnius, la capitale du pays, le ton est donné. L’anglais est parlé par toute la jeunesse, qui parle de droits de l’homme et de la protection de l’OTAN. Le pacte militaire reçoit en effet un large soutien de ces habitants urbains et éduqués, alors que la menace aux frontières se fait plus pesante. La France a d’ailleurs positionné quatre Rafales et des militaires, qui se préparent. 

OMERTA se rend alors un peu plus au nord, dans l’est de la Lettonie. À Daugavpils, la deuxième ville du pays, on est clairement russophile. Le sentiment national n’existe pas : « si les Russes viennent, on rend les armes ». Ils sont « Lettons de papier », et Russes de cœur, bien loin de l’état d’esprit de Riga, la capitale, semblable à Vilnius. Le conflit générationnel y est moins fort, mais la Russie pas moins présente dans tous les esprits. 

L’Estonie est la dernière étape du voyage avant Kaliningrad, d’où nos journalistes rentreront. OMERTA s’est alors rendue dans la ville de Narva, pour y voir si les rumeurs quant à la russité des frontaliers se vérifiaient. D’un côté du fleuve, il y a Narva, l’Estonie. De l’autre, c’est la Russie. Mais en réalité, la Russie semble partout : la ville est à 93% russophone, et ici, presque tout le monde est russophile. Quand on y regarde bien, rien de surprenant : un grand nombre d’entre eux sont munis d’un passeport gris. 

Ce passeport gris a été mis en place à la chute de l’URSS pour éviter de créer des apatrides. Lorsque le régime soviétique tombe, de nombreux russophones attachés à Moscou sont restés dans les républiques soviétiques désormais indépendantes, mais sans acquérir la nationalité locale. Le passeport gris a donc été inventé, leur conférant de facto la double nationalité. Alors, à Narva, on se sent plus russe qu’autre chose. 

Si ces petites Ukraines ne sont pas aujourd’hui directement menacées, c’est avant tout grâce à l’OTAN qui y a déployé de grandes bases militaires capables de répondre à une éventuelle invasion russe. Pourtant, depuis février, aucun mouvement de troupes n’est à signaler dans la région : l’Occident veille sur ces pays divisés. 

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