Jérusalem retenait son souffle mardi 3 janvier. A sept heures du matin, Itamar Ben Gvir, ministre israélien de la Sécurité nationale, posait le pied sur l’esplanade des Mosquées, troisième lieu saint de l’islam, pour une dizaine de minutes. Une provocation assumée qui secoue le fragile statu quo entre juifs et musulmans. Car cet endroit est aussi le mont du Temple, le site le plus sacré du judaïsme. Pourquoi le Premier Ministre Benyamin Netanyahou a-t-il risqué une énième reprise des hostilités interconfessionnelles ? La réponse pourrait être assez simple : Benyamin Netanyahou est poursuivi pour plusieurs affaires de corruption et il pourrait chercher à faire pencher la balance en faveur d’une amnistie. Résultent, les liaisons dangereuses qu’entretient le chef du gouvernement avec la droite radicale juive orthodoxe, grâce à qui il a été réélu pour la sixième fois – non consécutive – à la tête du gouvernement de l’État Hébreux.
Ce rapprochement avec l’extrême droite israélienne prend acte avec la nomination d’Itamar Ben Gvir au ministère de la Sécurité Nationale. Figure de proue du nationalisme radical israélien, son accession au pouvoir est un marqueur d’importance de l’évolution des mentalités. L’identité constamment mise à l’épreuve du peuple hébreu trouve en ce ministre un tumultueux porte-voix, dont le parti d’origine est le Otzma Yehudit (Force Juive), ouvertement suprémaciste. Le tour matinal qu’est venu faire le ministre en question sur l’esplanade des Mosquées, n’a rien d’anodin : son parti revendique depuis des années l’accès libre de l’endroit pour que les juifs puissent s’y recueillir. L’opération était conduite avec l’accord tacite de Benyamin Netanyahou. Ben Gvir aurait reçu le feu vert du Premier ministre et du ministre de la Défense. Une provocation qui sonne comme un « prélude à une escalade » pour le mouvement islamiste palestinien Hamas, comme le relève Le Monde. La dernière incursion de la sorte, en 2000, avait provoqué la deuxième Intifada. Ce jeudi 5 janvier, on ne relève pas de violences à la suite de cette opération.
Réformes du système législatif
De profondes réformes du système législatif ont été annoncées par le gouvernement. La mesure principale, c’est la reconsidération du poids de la Knesset, la chambre des députés, face à celui de la Cour suprême, chargée de valider en dernier ressort les lois. Avec la mesure, il suffira de 61 députés sur les 120 que compte la chambre pour casser une décision de la Cour suprême. Le Parlement étant dominé par les partis nationalistes, un risque de main-basse sur le pouvoir législatif se fait sentir, sans garde-fou. Benyamin Netanyahou pourrait d’ailleurs se servir de la Knesset pour faire voter une loi d’amnistie en sa faveur. « Des gens pour lesquels nous n’avons pas voté [la Cour suprême, NdlR] décident pour nous. Ce n’est pas la démocratie », a défendu le ministre de la Justice, relayé par Radio France Inter. Une exception cependant : si la Cour suprême prend sa décision à l’unanimité des 15 juges, elle pourra s’affranchir de l’avis du Parlement.