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Ce que l’Europe coûte aux Français

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 Le même chiffre est brandi chaque année, avec la même poignante véracité : la France perd tous les ans quelque dix milliards d’euros à cause de l’Union européenne. On peut le retrouver par un simple calcul : en comparant la contribution de la France à l’institution, et les recettes que cette dernière lui alloue. En 2020, la France payait 25,34 milliards d’euros, et en recevait 15,85. Évidemment, l’affaire est un peu plus complexe : il est encore aujourd’hui très difficile d’évaluer les apports du marché commun, ou les vicissitudes de l’euro. Alors, observons ce qui est observable, et épluchons un peu les comptes de l’Union Européenne. 

 

D’importants frais de fonctionnement 

Près de 40 000 personnes : voici la masse salariale de l’Union européenne, au sein de de ses nombreuses instances. Si on connaît surtout le Parlement européen et la Commission européenne, qui emploient 75% des effectifs, il est d’autres institutions moins connues, comme le Conseil, le Conseil européen, la Cour de Justice de l’Union Européenne et la Cour des Comptes. La Banque Centrale Européenne (BCE), elle, n’est pas comprise dans le rapport du Budget annuel 2023 de l’organisation. Par ailleurs, on compte quelque 9 000 employés supplémentaires, issues d’organismes créés par l’UE. Dans leur immense majorité, ces derniers emplois sont qualifiés de « temporaires ». 

Pourtant, d’autres sources évoquent un nombre d’employés plus important. Selon le site de l’Union, ils seraient en fait encore plus nombreux : on compterait en tout environ 60 000 fonctionnaires, dont environ la moitié au sein de la Commission. Pour comparaison, la Mairie de Paris, elle, emploie 52 000 personnes, ce qui est déjà énorme.  

Le personnel du Parlement européen représentait 45% de ses dépenses, premier poste devant les activités politiques à 26% (rémunération des députés entre autres). 

En tout, ce sont près de 11,5 milliards d’euros qui sont dépensés chaque année pour « l’administration publique européenne », soit 7% du budget global de l’Union européenne. Dans cette somme, on retrouve d’abord les pensions de retraite : 2,38 milliards d’euros, majoritairement pour les anciens fonctionnaires européens. Les « écoles européennes » coûtent de leur côté plus de 200 millions d’euros, mais la plus grosse part du gâteau revient aux « dépenses administratives des institutions », la Commission Européenne en tête. À elle seule, cette dernière représente un coût annuel de 4,1 milliards, devant le Parlement et ses 2,27 milliards. Le service diplomatique de l’UE complète le podium, avec 825 millions d’euros par an. 

 

Des salaires bien généreux 

Bien entendu, tous ces frais administratifs ne concernent pas seulement la masse salariale. Pourtant, les salaires des fonctionnaires et élus européens, eux, valent le détour. 

Un chiffre que l’on retrouve fréquemment, c’est celui de la très large grille salariale, qui oscille entre 2 000 et 19 000 euros. Par comparaison, le salaire moyen d’un fonctionnaire français s’élève à 2 800 euros. Pourtant, impossible de trouver la même information au niveau de l’Union européenne. Ce qui reste bien certain en revanche, c’est que l’âge de leur départ à la retraite est plus élevé (65 à 66 ans), et qu’ils touchent de nombreuses indemnités, pouvant dépasser les 600 euros par mois. 

On peut cependant trouver quelques informations intéressantes en épluchant la grille de salaire des fonctionnaires de l’UE. Ainsi, la présidente de la BCE Christine Lagarde ne gagne pas moins de 421 000 euros par an, soit 35 000 par mois. Ursula von der Leyen, elle, plafonne à 29 900 mensuels, tout comme Charles Michel, président du Conseil européen, et Koen Lenaerts, le président de la Cour de Justice de l’Union européenne (CJUE). 

Les 37 autres membres de la CJUE ont d’ailleurs, eux aussi, un salaire très confortable : plus de 27 000 euros par mois. Les 27 commissaires européens (un pour chaque pays) ont également la même rémunération. 

Quelques échelons plus bas, il faut également mentionner les parlementaires européens, qui ne sont manifestement pas en reste. Les 705 eurodéputés perçoivent chacun près de 9400 euros mensuels bruts, sans compter leurs indemnités et le salaire de leurs assistants parlementaires. En 2020, le budget de l’UE par eurodéputé était donc de 2,5 millions d’euros sur l’année, soit environ 2,5 fois celui d’un député français. Leur coût dépassera pour 2023 les 2,2 milliards d’euros au total. 

En fait, chaque Français actif paie en moyenne chaque année une « taxe union européenne », à hauteur de 320 euros par an. La France représentant le deuxième contributeur de l’UE, elle finance en tout et pour tout 17% du budget européen, en deuxième position derrière l’Allemagne. Encore plus précisément, 374 millions d’euros français vont chaque année au Parlement européen, finançant ainsi 150 eurodéputés, quand la France n’en compte que 79. 

 

Le Conseil de l’Europe, cerise sur le gâteau 

Certes, comparés au pharaonique budget dont dispose l’Union européenne, les 477 millions d’euros dont dispose le Conseil de l’Europe peuvent paraître bien fades. Pourtant, sans savoir, la plupart du temps, que cette institution existe, les Français contribuent chaque année à son financement, à hauteur de 40 millions d’euros : la plus forte contribution, devant l’Allemagne, le Royaume-Uni, et la Russie. 

En fait, le conseil de l’Europe est plus connu sous le nom de son institution-phare : la Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH). Avec son budget de 74,5 millions d’euros, elle finance le « respect des Droits de l’Homme » au sein des États-membres. C’est notamment elle qui avait empêché le Royaume-Uni d’externaliser au Rwanda l’accueil de ses migrants, et qui agit régulièrement en faveur de l’immigration et des minorités. 

Chaque année, ces pertes nettes pour la France financent ainsi à la fois le développement des pays pauvres de l’UE (et de ceux qui souhaitent l’intégrer), et la survie de ces institutions, menacées par des partis de droite souvent réfractaires aux idées libérales que l’organisation promeut. Ces idées sont également appuyées par la vision fédéraliste de « Madame Europe », la célèbre Ursula von der Leyen. 

Reportage à retrouver directement sur la plateforme web ou l’application OMERTA

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