AccueilActualitéQuand le général de Gaulle refusait de commémorer le 6 Juin 1944

Quand le général de Gaulle refusait de commémorer le 6 Juin 1944

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Si depuis trente ans, les commémorations des principaux anniversaires du débarquement anglo-américain sur les côtes normandes sont orchestrées, et parfois instrumentalisées, par les Présidents de la République française, il n’en a pas toujours été le cas.

 

L’excellent compte X (ex-Twitter) « Gaullisme » a exhumé le très significatif passage suivant du second tome de l’ouvrage « C’était de Gaulle » d’Alain Peyrefitte (éd. Fayard). Il s’agit des confidences du général de Gaulle exprimées en réaction aux articles de presse s’étonnant qu’il ne prenne pas part aux commémorations du 20e anniversaire du débarquement, au mois de juin 1964. Voici ces propos :

 » Vous croyez que les Américains et les Anglais ont débarqué en Normandie pour nous faire plaisir? Ce qu’ils voulaient, c’était glisser vers le nord le long de la mer, pour détruire les bases des V1 et des V2, prendre Anvers et, de là, donner l’assaut à l’Allemagne. Paris et la France ne les intéressaient pas. Leur stratégie, c’était d’atteindre la Ruhr, qui était l’arsenal, et de ne pas perdre un jour en chemin.
Churchill avait demandé à Eisenhower d’essayer de libérer Paris pour Noël. Il lui avait dit : « Personne ne pourra vous en demander davantage. » Eh bien si, nous étions décidés à demander davantage ! Le peuple de Paris s’est soulevé spontanément et il aurait été probablement écrasé sous les décombres, comme le peuple de Varsovie, s’il n’avait pas été soutenu. Mais il y avait des hommes qui, trois ans plus tôt, à Koufra, s’étaient juré de libérer Paris, puis Strasbourg. Ce sont eux qui ont libéré Paris avec son peuple.

Mais nous n’avions pas l’accord des Américains. Quand j’ai vu que l’insurrection parisienne allait être écrasée par une division allemande intacte qui arrivait de Boulogne-sur-Mer, j’ai donné l’ordre à Leclerc de foncer. C’est ainsi que nous avons évité à Paris le sort de Varsovie. Nous avons obligé les Anglo-Saxons à changer de stratégie. Les Américains ne se souciaient pas plus de libérer la France que les Russes de libérer la Pologne. Ce qu’ils voulaient, c’était en finir avec Hitler, en essuyant le moins de pertes possible. Ce qu’ils voulaient épargner, c’était le sang des boys, ce n’était pas le sang, les souffrances et l’honneur des Français.  »

Cette attitude n’empêcha pas le général de Gaulle de prononcer le 16 juin 1946 à Bayeux, première ville française libérée où il s’était déjà rendu dès le 14 juin 1944, l’un de ses discours les plus fameux, décrivant notamment sa vision constitutionnelle qui sera celle réalisé après son retour au pouvoir en mai 1958, avec l’aide Michel Debré.

 

Jérôme Besnard

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