Si depuis trente ans, les commémorations des principaux anniversaires du débarquement anglo-américain sur les côtes normandes sont orchestrées, et parfois instrumentalisées, par les Présidents de la République française, il n’en a pas toujours été le cas.
L’excellent compte X (ex-Twitter) « Gaullisme » a exhumé le très significatif passage suivant du second tome de l’ouvrage « C’était de Gaulle » d’Alain Peyrefitte (éd. Fayard). Il s’agit des confidences du général de Gaulle exprimées en réaction aux articles de presse s’étonnant qu’il ne prenne pas part aux commémorations du 20e anniversaire du débarquement, au mois de juin 1964. Voici ces propos :
Mais nous n’avions pas l’accord des Américains. Quand j’ai vu que l’insurrection parisienne allait être écrasée par une division allemande intacte qui arrivait de Boulogne-sur-Mer, j’ai donné l’ordre à Leclerc de foncer. C’est ainsi que nous avons évité à Paris le sort de Varsovie. Nous avons obligé les Anglo-Saxons à changer de stratégie. Les Américains ne se souciaient pas plus de libérer la France que les Russes de libérer la Pologne. Ce qu’ils voulaient, c’était en finir avec Hitler, en essuyant le moins de pertes possible. Ce qu’ils voulaient épargner, c’était le sang des boys, ce n’était pas le sang, les souffrances et l’honneur des Français. »
Cette attitude n’empêcha pas le général de Gaulle de prononcer le 16 juin 1946 à Bayeux, première ville française libérée où il s’était déjà rendu dès le 14 juin 1944, l’un de ses discours les plus fameux, décrivant notamment sa vision constitutionnelle qui sera celle réalisé après son retour au pouvoir en mai 1958, avec l’aide Michel Debré.