Les critiques positives se feront sans doute rares autour de Vaincre ou mourir. S’attaquer à la Révolution Française, au fondement de « l’idéal républicain » promu l’intégralité des partis politiques.
Car, sans mentir, le film du Puy du Fou ne fait pas de cadeau. Prenant pour héros un noble, François-Athanase Charette de la Contrie, il conte l’histoire des guerres de Vendée, entre 1793 et 1796. La Contre-Révolution, « pour Dieu et pour le Roi », s’oppose à la République naissante, « pour la Liberté et l’Egalité ». Réactionnaire ? Oui, mais pas seulement.
Un peu de contexte. 1793 sera l’année de déclenchement de cette guerre. Alors que le roi Louis XVI est décapité en janvier, la Révolution choisit en plus d’interdire l’exercice de la religion catholique. Dans un peuple vivant avec l’Église et la monarchie depuis plus de mille ans, le coup est rude. Mais ce n’est pas tout : ces changements ont hérissé l’ensemble des monarchies d’Europe contre la France, et la République doit recruter en masse, « de la chair à canon ».
C’est la conscription forcée qui entraîne le début de la Contre-Révolution. Les Vendéens veulent rétablir le Roi, rétablir le catholicisme, et prennent pour chef l’officier de marine Charette. « Je veux être l’homme du panache » clame-t-il. La révolte grandit, prend Laval et Mayenne, Laval, menace Nantes, mais petit à petit, décline. La révolte s’achèvera en 1796, achevée par les armées républicaines.
Le budget a été mis, et les bénévoles du Puy du Fou n’y sont sans doute pas pour rien. Les scènes de bataille sont incontestablement réussies, dynamiques et grandioses. Appuyées par les belles et hautes musiques du parc d’attraction, les combats prouvent au moins une chose : la France est capable d’être crédible sur ce point. Seul bémol : la médiocrité des dialogues, et de leur interprétation par les acteurs.
Charette, lui, est le modèle du héros français. Tantôt Cyrano : « un officier de marine n’abdique pas l’honneur d’être une cible », tantôt William Wallace : « notre cause est juste et notre cœur est pur », tantôt figure christique lorsqu’il mourra en martyr, le « brigand vendéen » s’élève « contre la tempête de l’Histoire ».
Controverse morale en approche
Alors, quid de la concordance entre la réalité historique et ce film ? La disparité des versions sur les évènements survenus en Vendée entre 1793 et 1796 rendra le dialogue impossible. Mais en fait, le débat est bien plus moral qu’historique : idéal républicain ou idéal réactionnaire ? Évidemment, le film est une prise de position en lui-même : « la République ne tient pas ses promesses ! » criera le héros.
D’autres phrases garderont une certaine résonance pluriséculaire : « nous sommes la jeunesse du monde ! ». Un écho lointain de la « reconquête » se fait entendre, surtout quand on se rappelle que le fondateur du Puy du Fou n’est autre que le bras droit d’Éric Zemmour, Philippe de Villiers.
Pourtant, bien que la chose soit quelque peu réactionnaire, reconnaissons que Vaincre ou mourir promeut de belles valeurs : le sacrifice, le patriotisme, la noblesse de cœur, le panache, et enfin, une leçon. La France peut encore produire de beaux films sur sa belle histoire.
Vaincre ou mourir, par Paul Mignot et Vincent Mottez, avec Hugo Becker, Rod Paradot et Gilles Cohen, (1h35), en salles le 25 janvier 2023.