En 2021, Marlène Schiappa, qui était ministre déléguée à la Citoyenneté, avait lancé le « fonds Marianne pour la République », fort à terme de 2,5 millions d’euros d’investissement public. Ce fonds a été lancé dans le but de lutter contre le cyber-djihadisme et la radicalisation en ligne. Noble objectif, pour un échec tout aussi objectif.
Une enquête de de France 2 et… Marianne (ça ne s’invente pas) dévoile certains points troublants : la gestion opaque de cet argent, avec une liste de bénéficiaires tenue secrète. L’enquête révèle que l’Union des sociétés d’éducation physique et de préparation militaire (USEPPM) serait le principal bénéficiaire du fonds et que l’argent aurait été utilisé pour la création d’un site internet et des publications sur les réseaux sociaux, à l’efficacité redoutable.
L’association aurait reçu pas moins de 355 000 euros pour la production de 13 vidéos sur leur chaîne YouTube, dont la majorité ne dépassent pas les 50 vues. Des chiffres auxquels est habituée Marlène Schiappa, certes. Le compte Instagram, quant à lui, cumule 138 abonnés… « avec 2,5 millions d’€ on peut faire beaucoup de choses pour défendre les valeurs de la République », avait prévenu la secrétaire d’État. Sa Une du magazine Playboy devrait obtenir de meilleurs scores ; y commémorera-t-elle les martyrs de la République ?
« Aucune rétribution », à cent-vingt mille près.
L’enquête ne s’arrête pas là, puisque l’USEPPM aurait surtout utilisé l’argent du fonds pour salarier deux de ses dirigeants, à hauteur de 120 000 €. Un acte qui « entrerait en contradiction avec les statuts de cette association » car « les membres de l’Union ne peuvent recevoir aucune contribution ».
« Aujourd’hui symbole des valeurs républicaines et de la nécessaire lutte contre l’islamisme radical et la désinformation, le nom de Samuel Paty ne peut en aucun cas et en aucune manière être l’instrument de tels agissements ». L’avocate d’une partie de la famille Paty, Virginie Le Roy, n’a pas mâché ses mots dans le courrier adressé à l’actuelle secrétaire d’État chargée de l’Économie sociale et solidaire et de la Vie associative, ainsi qu’à Sonia Backès, secrétaire d’État chargée de la Citoyenneté.
Cette dernière a alors indiqué avoir saisi l’inspection générale de l’administration pour un audit sur la question. Le parquet de Paris a indiqué qu’un signalement au titre de l’article 40 du code de procédure pénale était à l’analyse. En pleine mobilisation contre la réforme des retraites, de telles dépenses publiques ne risquent pas de soigner la confiance populaire au gouvernement.