Un « projet de plusieurs millions de dollars » australiens, qui rappelle le rôle crucial d’un soutien industriel fiable, après les envois d’armes très médiatisés pour soutenir le front ukrainien. Mais ce serait oublier le passif des deux nations signataires, dont l’une a encore la trahison de l’autre en travers de la gorge.
Les bonnes pièces du puzzle
Contrairement aux chars Leclerc, coûteux, peu exportés et donc plus difficiles à utiliser que les modèles allemands, les canons Caesar sont un succès d’exportation dans de nombreux pays et un atout majeur en Ukraine. Mais c’est aussi le cas des modèles allemand, les Panzerhaubitze 2000, et américain, les M777, qui ont tous l’immense avantage de tirer les mêmes munitions de 155mm, le standard de l’OTAN. Une concordance bienvenue, surtout lorsque l’utilisation concrète du matériel étranger représente une des principales difficultés des Ukrainiens sur le front.
Dès lors l’annonce des ministres des Armées Sébastien Lecornu et Richard Marles d’un partenariat inédit pour fournir en commun les précieuses munitions devrait permettre un approvisionnement régulier et efficace. C’est Nexter, en France, qui s’occupera de la fabrication tandis que l’Australie fournira la poudre.
De quoi faire bonne figure, alors le Président Volodymyr Zelensky écumait cette semaine les places fortes d’Europe pour réclamer encore plus de matériel militaire, recevant pour réponse d’Emmanuel Macron une Légion d’honneur (« Grand-Croix », tout de même).
Sans rancune ?
Incomparable avec le contrat bafoué de 2021, sur le plan stratégique, politique et économique, l’accord des munitions a néanmoins cet autre avantage de poser quelques points de suture sur les relations militaires et diplomatiques franco-australiennes. En effet, la France peine à oublier l’affront conjoint de Washington, Londres et Canberra, qui s’étaient accordés pour torpiller la vente de 12 sous-marins nucléaires Naval Group à l’Australie, au profit d’engins américains.
Un contrat de 55 milliards de dollars, coulé du jour au lendemain par Joe Biden, Boris Johnson et le Premier ministre australien Scott Morrison qui disait comprendre « la déception » française, alors que le Président américain évoquait une légère « maladresse ». Le projet « AUKUS », acronyme d’Australia, United Kingdom, United-states pour la défense de l’Indopacifique, avait été rendu publique en septembre 2021 et consacrait une nouvelle défaite diplomatique d’Emmanuel Macron, que les quelques millions de dollars du récent accord sur les obus ne sauraient laver à eux seuls. Reste à voir si la lutte en Ukraine continuera à faire converger les intérêts français et australiens pour de nouveaux accords industriels.