En situation de duopole, Airbus et Boeing se partagent 90 % du marché de l’aviation civile. Créé dans les années 1970 grâce à une coopération industrielle franco-allemande, le groupe EADS est un véritable succès commercial. Très rapidement, le géant européen grignote des parts de marché à son principal concurrent américain. Face à la montée fulgurante de ses ventes, le département de la Justice américain ainsi que les agences fédérales émettent un certain nombre de doutes quant aux pratiques commerciales du département des ventes d’Airbus. Des soupçons de corruption sont relevés dans plusieurs transactions avec la Malaisie, le Liechtenstein, l’Argentine ou encore le Venezuela. Afin d’éviter de tomber sous le coup de la justice américaine en utilisant le droit extraterritorial américain, comme cela a été le cas pour Siemens, Alstom ou encore BNP Paribas, le constructeur aéronautique prépare sa défense.
Guerre économique et bataille juridique
En reprenant les séquences du générique de « Game of Thrones », les deux réalisateurs cherchent à démontrer la dimension géopolitique de l’affaire. Derrière les scandales de corruption, c’est une véritable guerre économique qui se joue entre les pays industrialisés. Cette fois-ci, ce sont les tribunaux qui deviennent l’arme principale des puissances, et les juridictions des états-majors des nations. L’objectif est de traîner les fleurons industriels de leurs principaux concurrents économiques devant les tribunaux pour des faits de corruption. Ils leur infligent des amendes records afin de les affaiblir financièrement et prennent le contrôle de ces entreprises en y instaurant des mesures de conformité : imposition aux partenaires commerciaux de se soumettre au droit commercial américain… De plus, les juges imposent aux entreprises condamnées des surveillants, autrement dit des espions qui ont accès à tous les secrets industriels de l’entreprise et peuvent les transmettre à leurs concurrents. Les Américains, spécialistes en la matière, n’ont pas hésité à attaquer violemment les entreprises européennes, en particulier allemandes et françaises.
La contre-offensive française, un réveil européen ?
Au-delà des deux affaires traitées dans ces deux documentaires, « Guerre fantôme : la vente d’Alstom à General Electric » et « La bataille d’Airbus », le téléspectateur prend conscience des risques que représentent de telles enquêtes menées par le Départ