Dimanche 4 juin, quelques milliers de manifestants antifascistes se sont réunis à Paris, pour rendre hommage à Clément Méric, militant et étudiant à Sciences Po Paris, mort accidentellement lors d’une rixe il y a dix ans. Partis de la station de métro Barbès, ils ont rejoint la place de la République derrière la banderole : « La mort n’éblouit pas les yeux des Partisans », citation de l’écrivain communiste Louis Aragon. Organisé par le collectif Action antifasciste Paris-Banlieue (AFAPB), les participants sont venus de toute la France et d’Europe, ils ont été accompagnés par plusieurs sections syndicales comme Sud Rail. Selon un article de BFM TV, qui a couvert l’évènement, les forces de l’ordre se sont tenues à distance afin d’éviter toute friction entre policiers et manifestants, souvent cagoulés. Ces derniers craignent, par ailleurs, que de nombreux militants rejoignent les black blocs lors du rassemblement de demain contre les retraites.
Dix ans plus tôt, le 5 juin 2013, en marge d’une vente privée organisée par la marque Fred Perry, des skinheads et activistes antifascistes s’étaient affrontés lors d’un guet-apens organisé par ces derniers. Au cours de la rixe, le jeune militant Clément Méric est frappé au visage et tombe raids mort. L’auteur du coup de poing, Esteban Morillo, membre de « Troisième voie », groupuscule d’extrême-droite dirigé par Serge Ayoub, est écroué par le parquet pour violence volontaire, ayant entrainé la mort sans intention de la donner, il sera d’ailleurs condamné en appel à huit ans d’emprisonnement. Depuis lors, l’ancien étudiant de Sciences Po devient le symbole de la lutte antifasciste contre ce qu’il considère être un assassinat fasciste. Ainsi, tous les ans, les divers mouvements de l’extrême gauche se réunissent le premier dimanche de juin, pour commémorer sa mort, sous la sempiternelle bannière « ni oubli, ni pardon ».
Le parti pris des médias
Au lendemain de la manifestation, les médias ont exprimé leur inquiétude vis-à-vis de la montée des violences de… l’extrême droite. Sur France culture, l’historien et spécialiste de l’ultra-droite était l’invité de Nora Hamadi pour l’émission « Sous les radars », pour parler de la menace fasciste en France. Derrière une musique aux airs angoissants, la journaliste énonce les faits : « De la renaissance du GUD aux descentes de groupuscules néofascistes dans les universités ou lors du match France-Maroc en décembre dernier (…) les mobilisations et intimidations de l’extrême droite française se sont multipliées ces derniers mois. Une recrudescence inédite. » Dans la même émission, un reportage couvre le « weekend international antifascisme ». L’ex-petite amie du défunt est interviewée devant la librairie des éditions Libertalia pour la sortie de l’ouvrage Clément Méric. Une vie des luttes. Ainsi, tandis qu’un extrême est présenté en épouvantail en l’associant uniquement à des faits de violence, l’autre peut s’exprimer au micro des services publics, dans le cadre d’un évènement culturel. Aux uns la barbarie et la violence, aux autres la culture et les martyrs. Ce parti pris est pourtant loin d’être le seul fait de Radio France. En effet, de nombreux médias, durant toute l’enquête qui a suivi la mort du militant, ont préféré reprendre le narratif de l’extrême gauche plutôt que de qualifier l’acte de : « violence volontaire, ayant entrainé la mort sans intention de la donner », conformément à l’instruction du juge.
Le parti pris des politiques
Mais au-delà des médias, c’est également le pouvoir politique qui prend position, en exerçant un deux poids deux mesures dans sa fonction de prévention à l’ordre public. Alors que Gérald Darmanin a envoyé une lettre aux préfets afin d’interdire toute manifestation à l’initiative d’un mouvement réactionnaire ou identitaire, comme en témoignent les récentes interdictions de l’hommage à Jeanne d’Arc organisé par l’Action Française, le 13 et 14 mai dernier, et plus récemment celui pour la mort de Dominique Venner organisé par l’Iliade le 21 mai, qui plus est dans une salle privée. Ainsi, pendant la droite nationale est privée de sa liberté d’expression, l’extrême-gauche peut défiler en toute liberté et de préférence sans la police au risque de heurter leur sensibilité, comme l’explique cet article de BFM TV mentionné plus haut.