Il s’appelle Balázs Orbán, mais n’a pas de lien familial avec son chef, le Premier ministre de la Hongrie, Viktor Orbán. À 37 ans, ce technocrate prometteur est à la fois conseiller politique du Premier ministre et député au Parlement hongrois. « Un des rares qui entre dans le bureau de Viktor Orban sans toquer », confie le journaliste Yann Caspar, franco-hongrois basé à Budapest. Le parlementaire était en déplacement à Paris ce jeudi 25 mai, où il a rencontré plusieurs responsables politiques, notamment Emmanuel Bonne, conseiller diplomatique de l’Élysée. Doit-on y voir la préparation d’une visite d’État ? Pas impossible : Balázs Orbán fait partie de ceux régulièrement envoyés par le gouvernement hongrois pour préparer les visites officielles. C’est une personnalité appréciée dont le rôle est bien souvent d’arrondir les angles auprès des partenaires européens et outre-Atlantique de la Hongrie. Une « éminence grise, qui rédige les discours de Viktor Orban », commente Yann Caspar, selon qui Balázs Orbán serait « pressenti pour le ministère des Affaires étrangères ».
L’enjeu, c’est bien évidemment la question nucléaire : les deux tiers de l’approvisionnement en énergie de la Hongrie viennent de la fission de l’atome. Mais la seule centrale du pays, basée à Paks, soit une centaine de kilomètres au sud de Budapest, comporte seulement quatre réacteurs. Elle a été construite par le géant russe Rosatom, ce qui pose d’évidents problèmes de maintenance depuis le début de la guerre en Ukraine. Les Hongrois veulent doubler leurs capacités de productions d’énergie nucléaire. La frange écologiste allemande s’est opposée à toute intervention du constructeur Siemens dans le projet, mais l’exécutif français a récemment donné son feu vert à l’entreprise Framatome pour prendre part à la construction de deux nouveaux réacteurs à la centrale de Paks, en lien avec Rosatom. À cet effet, la France fait valoir que l’industrie nucléaire n’est pas visée par les sanctions internationales contre la Russie.
Ménager le partenaire français
La France s’impose en partenaire incontournable pour les Hongrois. Mais il s’agit d’être habile : la posture ouvertement « illibérale » du gouvernement Orban attire régulièrement les foudres de l’Union européenne et des commentateurs politiques français. D’où l’opération de séduction de la part des Hongrois, pour qui le message est clairement de ménager les Français, pour s’assurer leur plein soutien jusqu’à la finalisation du projet. En photo sur son compte Twitter, c’est un Balázs Orbán souriant, assis dans le métro qui se félicitait du rapprochement franco-hongrois : « Journée chargée aujourd’hui, remplie de réunions. Nous travaillons au renforcement de la coopération Hongrie – France. » Son séjour participe cette entente cordiale, comme y contribue, du reste, l’archiduc Georges de Habsbourg-Lorraine, ambassadeur de Hongrie en France depuis mars 2021.
En marge de son déplacement, Balázs Orbán a tout de même fait un passage par l’Assemblée nationale, où il a rencontré le président du Rassemblement national, Jordan Bardella. Il a également tenu s’entretenir avec le romancier Michel Houellebecq.