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[TRIBUNE] Comment la Corse peut guider la France à retrouver sa souveraineté

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Omerta communique à ses lecteurs une tribune d’Olivier Battistini, maître de conférences émérite en histoire grecque à l’université de Corse. Membre du comité scientifique de la revue Conflits, il est l’un des animateurs des Rencontres napoléoniennes de Sartène, dont il est originaire et où il réside. Considéré à juste titre comme l’une des grandes voix intellectuelles de la Corse contemporaine, Olivier Battistini a notamment publié Alexandre le Grand, un philosophe en armes (Éd. Ellipses, 2018).
Depuis la Corse lointaine
« Les Barbares se sont infiltrés dans les défenses, ils sont installés dans nos murs. Ces signes sont ceux de la prochaine nécropole. Le bourreau attend. Paraîtront bientôt les vautours. »
Mumford, La Cité à travers l’histoire 
Pour Protagoras d’Abdère, « l’homme est la mesure de toutes choses ». Ce qui voudrait dire, si l’on ne tombe pas dans les pièges du sophiste, que les jugements de valeur sont de l’ordre de la subjectivité, que le réel est différent pour chacun, que nous sommes dans l’univers des vérités multiples, que le discours politique change selon les circonstances, les lieux et les enjeux. 
Il est alors possible d’opposer à toute parole son contraire, pour imposer une autre apparence, une autre opinion, une autre réalité, la doxa de celui qui parle. Une véritable tyrannie de la parole au service de l’idéologie, de la désinformation considérée comme une arme de guerre, une méthode de réfutation dans tous les lieux du savoir et du pouvoir en place qui conduit jusqu’à l’absurde : nier toute vérité ou affirmer que tout est vérité, infliger, par l’exercice d’une cécité volontaire, par une conspiration du silence, une grille d’interprétation du réel.
Ce que disait jadis le terrible sophiste nous éclaire aujourd’hui, nous, médusés et révoltés, les contemporains d’événements tragiques qui se succèdent à une cadence sans cesse accélérée, et qui ne sont pas des « faits divers », mais le contraire, des moments « catastrophiques », dans le sens mathématique du terme, c’est-à-dire qui signifient un avant et un après, et qui disent la fin d’un monde, de notre monde : les drames survenus à la Haye-Malherbe, à Cherbourg et à Calvi.
Et maintenant à Ajaccio.
Dépasser le stade du constat est ce qui nous intéresse et nous conduit à réagir. 
L’heure est grave. Une question de vie ou de mort. Car très vite, il sera trop tard.
Ces agressions se multiplient et surviennent régulièrement, systématiquement. 
Il est inutile de les rappeler, le catalogue serait trop long. 
Il suffit de s’appuyer sur les trois drames parmi les derniers survenus.
Pour penser et agir, il faut rejeter les interprétations des médias qui participent, au service de ceux qui nous gouvernent et nous trompent, à l’occultation et à la désinformation idéologiques et politiques que nous avons évoquées plus haut. La désinformation est bien une arme de guerre.
Il est utile de noter la réaction du patron du Parti socialiste à propos de l’horreur absolue, celle qu’a subie la jeune fille massacrée, impitoyablement, à Cherbourg : « un criminel doit être condamné pour ses crimes qu’il s’appelle Oumar, Francis, Michel, Émile, Guy ou Patrice. La barbarie, la perversion, le vice n’ont ni couleur de peau ni nationalité. Se servir d’un acte odieux pour sous-entendre que les immigrés sont des violeurs est raciste ».
Pour Olivier Faure qui n’a pas un mot de compassion pour la malheureuse victime, la seule inquiétude est celle liée au danger politique qui menace la Gauche d’un rejet massif et grandit à chaque crime commis par ceux qui nous méprisent et qui nous haïssent : « mentez, mentez, il en restera toujours quelque chose. »
Son but : oublier les victimes, nier l’horreur et cacher le nom et les origines de leurs bourreaux.
Seulement les faits donc. Et ils sont tous liés à l’immigration massive et à la trahison des « élites ».
Alors que la Pologne va organiser un référendum sur la politique migratoire de l’Union européenne, alors que les Européens de l’Est luttent intelligemment et courageusement pour défendre leur rapport au monde et leur être, alors que les nations du nord de l’Europe réagissent aussi dans le même sens, la France, envahie et acculturée, bientôt islamisée, sur le point de voir son peuple remplacé, soumis à la dictature des minorités, aux théories et aux modes les plus absurdes comme celle du Wokisme ou de l’écriture inclusive, a perdu sa souveraineté, son rapport à son histoire, à sa littérature, et son indépendance dans ses choix politiques et géopolitiques tels que les avait pensés le général de Gaulle.
Nous sommes dans un monde où a triomphé, depuis 1968, et peut-être même avant, l’idéologie de ceux qui prétendent appartenir au camp du Bien et qui ont imposé une autre langue, des mots nouveaux et donné aux anciens des significations déformées en fonction de leurs visions politiques, de leurs haines du monde qui était nôtre, et de leur volonté de destruction.
Ils imposent, je l’ai dit, leurs interprétations de la réalité. 
Ils ont désorganisé le réel.
Que faire ? C’est de cela dont il sera question ici.
Et il s’agira d’une réponse particulière, parce qu’elle se veut une réplique corse –et à Calvi elle a été violente et immédiate. Digne de ce que Nietzsche, l’hyperboréen, fasciné par le Corse Napoléon qui a la « fierté de l’homme qui se révolte », a dit sur les Corses forts et libres dont il exalte la vertu virile : « peut-être que l’âme s’épure-t -elle et se fortifie-t -elle là-bas, devient-elle plus fière ».
Cette riposte est le signe d’un sursaut et de la volonté de ne pas se soumettre. Les Corses aiment la France lorsqu’elle est grande et digne de leur amour, et ils la méprisent lorsqu’elle ne l’est plus.
Et c’est peut-être à eux à donner ce signal pour retrouver une souveraineté et une grandeur perdues.
Le montre la réaction de l’association Palatinu de Nicolas Battini qui dit notre société menacée de dislocation, une Corse déjà en phase avancée de balkanisation, une classe politique corse soumise à la bien-pensance parisienne, une association qui veut libérer la parole, réagir aux agressions sans cesse recommencées, et préserver l’identité et la culture d’une terre gréco-latine et profondément chrétienne.
Parce que nous sommes, nous, Européens, héritiers d’une belle civilisation, nous, Corses, légataires d’une haute culture, parce que nous sommes jaloux de notre identité et fiers de notre histoire, parce que nous avons un sens du politique et de la grandeur, le goût du beau et du terrible, et que nous savons que l’histoire est tragique, parce que nous savons que les civilisations sont mortelles, il nous faut retrouver ce que les Grecs appelaient la philia qui apparaît alors comme une exigence, une nécessité dans l’ordre du politique dans le dessein de l’unité et de la concorde, du « bien-vivre » dans l’acception d’Aristote, c’est-à-dire le souverain bien, le fondement de ce qu’est la cité véritable, et non l’hypocrite « vivre ensemble » imposé par des idéologues dont le but politique est pervers, car il est question de nous anéantir.
Le sursaut viendra de la Corse qui a démontré à Calvi et à Ajaccio qu’elle ne se laissera pas faire.
Sommes-nous aux bords d’une guerre civile ?
Mais il serait difficile de parler de guerre civile, car dans une telle guerre, le peuple se déchire. Et ce n’est justement pas le cas. Nos ennemis, en effet, ne se pensent pas eux-mêmes comme faisant partie du peuple de France, même s’ils sont officiellement Français. Mais, quoi qu’il en soit, dans une telle situation, il n’y a plus de peuple. Par ailleurs, les gens dont il est question se pensent eux-mêmes comme étant en guerre avec la France. Et, en conséquence, ils le sont.
Reste à savoir si la France se pense elle-même comme étant en guerre et donc dans la capacité de se défendre, se demander, enfin, si les véritables ennemis ne seraient pas plutôt ceux qui favorisent, au détriment de leur propre peuple, les ennemis de l’intérieur dont ils organisent la venue…
Mon dessein est donc, je le répète, de constater le réel et ne pas être soumis à l’idéologie dominante. De s’intéresser non à l’actualité, mais à l’extrême-contemporain, pour lire un présent en acte, pour comprendre, anticiper, agir…
Pour un appel à la résistance. S’il est encore temps. Depuis la Corse lointaine…

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