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[Vendredi lecture] : la bibliothèque idéale de Christopher Gérard

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 Christopher Gérard est l’un de ces écrivains européens tenant, à l’instar de George Steiner, notre continent pour le paradis des cafés et autres lieux publics où il fait bon lire et converser. Si tout ami de Christopher Gérard digne de ce nom doit faire le pèlerinage de Bruxelles, on peut aisément le croiser à Paris et, dit-on, à Londres où il a ses habitudes. Comment ne pas saluer la parution de ses chroniques littéraires en volume ? Elles en font le digne héritier de son compatriote Pol Vandromme (qu’il qualifie d’« authentique anarchiste en discorde avec le siècle » )avec qui il partageait une admiration certaine pour le regretté Vladimir Dimitrijevic qui les publia aux temps bénis des éditions de l’Age d’homme. 

Salut les copains

Plus de 120 chroniques composent ce livre. J’y trouve avant tout le reflet du dernier quart de siècle. Voilà les copains, Raphaël Chauvancy, Bertrand Lacarelle, Sébastien Lapaque (« l’une des voix singulières d’aujourd’hui »), Olivier Maulin (devenu royaliste le jour où il salua la main de Baudouin »), Frédéric Rouvillois… Voici les maudits qui ont en commun le prénom de l’évangéliste de Patmos : Mabire, Parvulesco et Raspail (auquel on associera Asensio même s’il est bien vivant). Rajoutons-y nos chers disparus : Jean-Claude-Albert-Weil, Maurice Dantec, Alfred Eibel, Philippe Muray, Pierre-Guillaume de Roux… Sans oublier ceux qui dont l’œuvre nous est chère par sa singularité :  Christian Dedet, Jérôme Leroy, Gérard Oberlé, Thierry Marignac, Richard Millet… 

Au fil des pages, voici venu le temps des maîtres de notre jeunesse, Michel Mohrt, ce « chouan nourri de Maistre et de Baudelaire, mais aussi d’Eliot et Pound », Michel Déon, peint en « digne héritier de Stendhal », ou Guy Dupré, ce « fils de Mars ». Viens enfin le commerce des classiques : Drieu la Rochelle, Roland Laudenbach, Jacques Laurent (« romancier de l’élan vital et du divin imprévu »), Paul Morand, Roger Nimier (« qui avait tout lu »), Thierry Maulnier, Joseph Roth… Et l’on s’aperçoit, le volume enfin reposé sur le bureau, que l’on oublié de citer François Bousquet, Marc Obregon, Slobodan Despot, Éric L’Homme et Éric Werner. On demande des critiques littéraires ! 

Christopher Gérard, Les Nobles voyageurs, La Nouvelle librairie, 466 p., 24,50 euros. 

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