Un accord bilatéral de sécurité a été signé le 16 février 2024 entre l’Ukraine et la France à l’occasion de la visite de Volodymyr Zelensky, le président ukrainien. Il prévoit une aide de trois milliards d’euros supplémentaires pour l’Ukraine. Paris va aussi accompagner Kiev dans le développement de sa cybersécurité, dans sa lutte face au contre-espionnage et la criminalité organisée. La France continuera d’apporter son aide humanitaire aux Ukrainiens.
Ce texte a été approuvé par l’Assemblée nationale et le Sénat le 13 mars. Caroline Galactéros, docteur en sciences politiques et conseillère diplomatique d’Eric Zemmour, alerte sur la dangerosité de cet accord.
Si la France défend l’Ukraine avec cet accord, est-ce qu’il n’y a pas un risque que la Russie entre en guerre avec la France ?
Bien sûr. Je pense qu’en signant cet accord, nous nous mettons dans une situation extrêmement dangereuse. Pour moi, ce texte est totalement irresponsable dans le contexte actuel. Donc, nous prenons de très gros risques parce que ce texte a été évoqué au moment même où le président de la République parle d’une possible mutualisation de notre outil nucléaire au service de l’Europe. Si on continue de rechercher l’escalade comme on le fait au lieu de rechercher un accord, le champ des possibles va s’élargir, mais à notre détriment. Je pense qu’on ne mesure pas du tout la réalité du rapport de force. La France prend de grands risques.
L’accord parle d’une possible “nouvelle agression” de la Russie en Ukraine. Or, une guerre est déjà en place. En quoi consisterait concrètement une nouvelle agression ?
Si la Russie avançait au-delà de ses positions actuelles et au-delà de la Crimée, ce serait perçue comme une nouvelle agression. Ou une cyberattaque. Je pense que c’est surtout prévu dans le cas d’un accord de cessez-le-feu qui n’est pas près d’intervenir malheureusement. L’accord est prévu pour dix ans. Si jamais il y a un cessez-le-feu dans cette période-là et que la Russie le brise, alors ça serait considéré comme une nouvelle agression contre l’Ukraine. Donc je pense que le fait d’utiliser cette expression est une manière d’anticiper ce qui pourrait se passer.
L’accord évoque que “les capacités militaires de l’Ukraine soient d’un tel niveau qu’en cas d’agression militaire extérieure à la France, l’Ukraine soit en mesure de fournir une assistance militaire efficace”. Est-ce qu’il y a un risque que la France se fasse agresser ? Pourquoi évoquer cette éventualité ? Qui menace la France ?
C’est un cas de figure. Si demain, nous avons officiellement des troupes au sol françaises qui aident l’Ukraine “à ne pas perdre”, c’est-à-dire qu’ils font durer le conflit dans une perspective très hypothétique du retournement de la situation militaire, les forces ukrainiennes peuvent nous aider. Mais cela vient de l’imbrication des forces. Si vous vous battez ensemble, il faut que les uns comme les autres puissent voler au secours du partenaire. C’est assez logique. Attaquer l’Ukraine, c’est attaquer la France. Attaquer la France c’est attaquer l’Ukraine à partir du moment où ça se passe en Ukraine.
Un grand entretien avec Caroline Galactéros est disponible sur notre chaîne Youtube.