Afrique adieu

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François de Grossouvre a hérité de son grand-père, devenu au fil des décennies l’ami et le conseiller de François Mitterrand, son nom, son prénom et son goût de la nature. Car il ne faut pas s’y méprendre : chez des hommes de cette trempe, la chasse n’est qu’une des multiples facettes d’une passion immodérée pour l’environnement naturel. « Tout a commencé par un film documentaire sur les cerfs de Chambord, que mon grand-père avait à la maison et que je regardais souvent », confie l’auteur. 

Ce grand-père, retrouvé mort dans son bureau de l’Élysée le 7 avril 1994 dans des circonstances jamais totalement éclaircies, est le fil conducteur de ce récit. C’est en effet lui qui va initier son petit-fils à la nature et à l’univers de la chasse. C’est par l’entreprise d’un des vieux amis de son aïeul qu’à l’âge de 18 ans, le jeune François va pouvoir s’envoler la Tanzanie à la fin des années 1990 afin de débuter son apprentissage de guide de chasse dans la réserve de chasse du Selous. A l’époque, pour lutter efficacement contre les braconniers qui massacraient les troupeaux d’éléphants, ce pays a mis en place ce type de réserves où les prélèvements d’animaux sont régulés et limités, financées par les passionnés d’expériences cynégétiques africaines. 

L’art du pistage

Au cours des années suivantes, François de Grossouvre va exercer ses talents de guide et de photographe animalier dans d’autres pays, comme la République centrafricaine et le Cameroun. Il côtoie et chasse aussi bien les buffles que les lions, les léopards et les éléphants. Il se passionne pour l’art du pistage dans lequel il voit un savoir-faire ancestral qui mérite d’être protégé et mieux connu : « Le pistage est un voyage dans le temps. » Je me souviendrai longtemps de notre première rencontre sur les bords de la Seine par l’entremise d’un ami diplomate. Il revenait d’un séjour en Centrafrique et contait son quotidien avec une rare passion.

Aujourd’hui François de Grossouvre ne piste plus les animaux d’Afrique. Il élève des faucons en Patagonie. Le modèle des réserves de chasses s’essouffle en Afrique alors qu’il était une des meilleurs garanties pour la conservation de la faune sauvage sur ce continent : « Comme les lycaons qui avaient protégé le dernier rhinocéros noir du Selous, nous étions les gardiens d’un souvenir, après ce dernier safari, qui serait un réconfort et un espoir pour les éléphants, mais aussi pour nous même. Il est donc important que ce témoignage lumineux soit paru chez un grand éditeur parisien et qu’il ait connu dès sa publication un beau succès d’estime. 

François de Grossouvre, D’un autre monde, Stock, 254 p., 19,90 euros.

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