Le 20 septembre, c’était jour de grande-marée à Saint-Malo. Un phénomène presque unique au monde, puisque la baie du Mont-Saint-Michel connait des marnages exceptionnels, dépassant les 10 mètres de jusant. Au Palais du Grand-Large, les participants au deuxième colloque de Souveraine Tech admiraient la vue dégagée sur les remparts de la ville et sur le Fort National. De Vauban à la France d’aujourd’hui le défi reste le même : défendre les intérêts nationaux face aux prédateurs étrangers.
Le problème crucial du déficit commercial
Le clou de la journée était justement l’intervention d’Arnaud Montebourg, ancien ministre socialiste de l’Économie et des Finances, en rupture de ban avec l’écosystème politique. Il a captivé son auditoire en plaidant pour la restauration de la souveraineté nationale. Il s’est inquiété du déficit de la balance commerciale qui a atteint 164 milliards en 2023. De fait, la France est de plus en plus détenue par des acteurs économiques étrangers. « Nous sommes dans une situation de dépendance très critique », a asséné cet avocat de formation. Il est moins inquiet sur le poids de la dette, si ce n’est sur le fait que celle due au COVID aurait dû remonter au niveau européen.
L’essentiel du propos d’Arnaud Montebourg était ailleurs. Au plan politique, il juge que nous « sommes aliénés politiquement ». Il vise ici les conséquences du traité de Lisbonne et l’impérialisme du droit européen qu’acceptent les juridictions suprêmes françaises, à la différence de ce qui se passe en Allemagne. Il s’est ensuite inquiété du dépeçage de l’industrie française par des acteurs économiques étrangers : Alstom, Lafarge, Essilor, Péchiney, Arcelor Technip, Alcatel…
« Il n’existe pas de nation qui ne soit protectionniste »
L’ancien ministre a attiré l’attention des participants sur le faible taux d’activité en France : 68 % contre 76 % en Allemagne, « car il n’y a pas de travail » dans notre pays. Il nous manque en effet un million d’emplois depuis la crise des sub-primes. Nos investissements dans l’industrie sont insuffisants. Il faudrait donc pour Arnaud Montebourg créer un fond souverain financé par les entreprises françaises à hauteur de 2 % de leur résultat pour financer sur 10 ans la réindustrialisation. De 90 milliards annuels, on passerait ainsi à 120 milliards investis dans l’industrie.
Bien entendu, on ne saurait limiter la portée de ce colloque à cette intervention très politique. Il était ainsi passionnant d’entendre Sébastien Picardat, d’Agdatahub, parler de la question cruciale de l’exploitation des données collectées par nos agriculteurs. De la même façon, Thomas Fauré, patron de Whaller, un réseau social français, et l’essayiste François-Xavier Carayon ont fait part aux participants de leurs passionnantes réflexions sur les conditions nécessaires pour assurer la pérennité de notre souveraineté technologique.
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