C’est à l’issue de la journée de deuil national pour les morts de Mayotte ce lundi 23 décembre, que le gouvernement Bayrou a enfin été annoncé par le secrétaire général de l’Élysée. Aux côtés des centristes, les LR constituent toujours, comme dans le gouvernement Barnier récemment censuré, le second flotteur de ce nouvel avatar ministériel de la macronie qui accueille tout de même à son bord quelques revenants socialistes modérés.
Quelques heures auparavant, un communiqué cinglant du président (LR) de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand, annonçait qu’il renonçait à entrer au gouvernement, la présidente du groupe RN à l’Assemblée nationale s’opposant à nomination comme Garde des Sceaux, ministre de la Justice, poste que lui avait préalablement proposé François Bayrou. Xavier Bertrand va jusqu’à parler d’ « un gouvernement de la France formé avec l’aval de Marine Le Pen ». C’est Gérald Darmanin qui hérite de la place Vendôme. Il revient donc au gouvernement tout comme Élisabeth Borne qui devient ministre de l’Éducation nationale ou Aurore Bergé qui devient ministre déléguée en charge de l’égalité entre les hommes et les femmes.
Le parti de Laurent Wauquiez et consorts rempile pourtant dans le nouveau gouvernement. Bruno Retailleau est ainsi logiquement reconduit place Beauvau comme ministre de l’Intérieur. Il était l’un des seuls ministres de Michel Barnier à s’être imposé médiatiquement. Annie Genevard est maintenue à l’Agriculture. Le député Yannick Neuder se voit chargé de la Santé, et le sénateur Philippe Tabarot (issu d’une famille engagée à l’OAS), des Transports. Mais deux ministres conservateurs très compétents sont sacrifiés sur l’autel du nouvel équilibre : Jean-Louis Thiériot qui était en charge des Anciens combattants et Alexandre Portier qui disposait du portefeuille de la Réussite scolaire et avait pourfendu le wokisme.
Le très atlantiste Jean-Noël Barrot est maintenu aux Affaires étrangères, tout comme Sébastien Lecornu aux Armées et Rachida Dati à la Culture. Tout aussi atlantiste, Benjamin Haddad est maintenu aux Affaires européennes.
Étienne Lombard, 66 ans, directeur général de la Caisse des dépôts et consignations depuis 2017 est nommé à Bercy. Le socialio-macroniste dissident François Rebsamen, ancien maire de Dijon, est nommé à l’Aménagement du territoire tandis que l’ancien Premier ministre Manuel Valls prend en charge l’Outre-mer et notamment l’épineux dossier de la Nouvelle-Calédonie.
Reste désormais à savoir combien de temps ce gouvernement sans majorité pourra échapper longtemps à la censure. Dans tous les cas aucune dissolution de l’Assemblée nationale n’est constitutionnellement possible avant l’été et d’ici là le RN espère voir se concrétiser l’introduction d’une importante dose de proportionnelle aux élections législatives.
Antoine Ciney