Joseph Aoun a été élu président du Liban ce 9 janvier par 99 voix sur 128. Il n’a aucun passif politique. « Sa réputation d’officier intègre, issu d’un milieu modeste et au train de vie simple, plaît à une bonne partie de la population », faisait remarquer il y a quelques mois Serge Kamel, analyste franco-libanais, sur notre site Omerta. « Mieux encore, il est connu pour un fait d’armes qui n’est pas des moindres : mettre fin à la menace de Daech sur le Liban en 2017 », ajoutait notre contributeur.
Pays communautaire, le Liban doit, en vertu de sa constitution, élire son président parmi les membres de la communauté chrétienne maronite, alors que le Premier ministre appartient à la communauté musulmane sunnite et que le président du parlement est choisi parmi les musulmans chiites. Il s’agit là d’un scrutin indirect, puisque ce sont les députés qui choisissent le chef de l’État et ce pour un mandat de six ans qui n’est pas immédiatement renouvelable.
La main des Américains
Depuis deux ans, la France tente désespérément mais en vain de renouer avec son traditionnel rôle d’arbitre au Liban, notamment via l’ancien ministre Jean-Yves Le Drian, envoyé spécial d’Emmanuel Macron pour le Liban. C’est lorsque les Américains ont commencé à intervenir sérieusement que la situation intérieure du pays a commencé à évoluer, notamment avec le cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah le 27 novembre dernier. Une confrontation entre le principal parti chiite, soutenu par l’Iran et l’État hébreu, qui s’est soldé par l’affaiblissement du premier alors qu’il soutenait la candidature du député Sleiman Frangié qui a finalement renoncé à se présenter.
Si beaucoup d’observateurs voient la main des Américains derrière cet heureux dénouement (mais aussi celle de Ryad et accessoirement de Paris), il est difficile de savoir s’il s’agit du dernier acte de l’administration Biden ou des prémices de celle de Donald Trump.
