Depuis 2022, Alexandroúpolis était la base et le port par lesquels transitaient les livraisons d’armes américaines à Kiev. La base était située à un endroit stratégique pour les Américains, dans la Grèce nord-orientale frontalière avec la Turquie et la Bulgarie, sur la mer Égée au bord du détroit des Dardanelles qui, reliant en territoire turc la Méditerranée et la mer Noire, constitue une fondamentale voie de transit maritime surtout pour la Russie.
La décision de Donald Trump de la faire fermer n’est donc pas anodine. Elle signifie qu’au vu de l’avancée des négociations de paix avec la Russie, les États-Unis n’enverront plus de personnel et d’équipements en Ukraine. Elle est aussi la première manifestation concrète d’un désengagement américain dans la guerre ainsi qu’une concession fort généreuse faite envers Moscou. Le départ des Américains du secteur ne réjouit d’ailleurs pas que les Russes. Elle satisfait également le président turc Recep Erdogan. La présence américaine à cet endroit disputait partiellement à la Turquie son monopole sur le détroit du Bosphore.
À l’inverse, les médias grecs qualifient cette décision de perte stratégique pour Athènes. Après avoir dû avaler de nombreuses couleuvres dans le retournement stratégique opéré par Washington, des alliés fidèles comme la Grèce, mais aussi la Pologne dont le président Donald Tusk a été reçu durant onze minutes chrono à la Maison Blanche par Donald Trump, ont l’impression d’être les laissés pour compte du nouveau monde qui se met en place.
Ce n’est d’ailleurs sans doute pas la dernière base américaine amenée à disparaître en Europe. Lors de son précédent mandat, Donald Trump avait menacé de fermer Ramstein et les autres bases en Allemagne. Son Secrétaire à la Défense, Pete Hegseth, a évoqué à nouveau cette éventualité lors de son passage en Europe pour la Conférence de Munich sur la sécurité.
