Ukraine, la guerre sans fin : notre hors-série n°2 en kiosque aujourd’hui

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Ukraine, la fin des somnambules, éditorial de Régis Le Sommier

Au début du conflit en Ukraine, Henri Guaino, ancien conseiller spécial du président Sarkozy, écrivait une tribune dans Le Figaro intitulée « Nous marchons vers la guerre comme des somnambules ». Un titre inspiré de celui du livre de l’historien australien Christopher Clark sur les causes de la Première Guerre mondiale : « Les Somnambules, été 1914 : comment l’Europe a marché vers la guerre ».

Nous étions en mai 2022. Henri Guaino comptait alors parmi les rares voix inquiètes face au rouleau compresseur guerrier qui semblait entraîner le monde dans un engrenage. Lors d’un débat sur une chaîne du service public, Henri Guaino et moi-même avions croisé le fer avec Éric Naulleau et Raphaël Enthoven. Nous y tenions la place des accusés. Sa lucidité et mon réalisme étaient à l’époque suspects de faire le jeu de Vladimir Poutine.

Que disait Guaino en réalité ? « Qu’en 1914, aucun dirigeant européen n’était dément, aucun ne voulait une guerre mondiale qui ferait vingt millions de morts, mais, tous ensemble, ils l’ont déclenchée. Et au moment du traité de Versailles, aucun ne voulait une autre guerre mondiale qui ferait soixante millions de morts, mais, tous ensemble, ils ont quand même armé la machine infernale qui allait y conduire ». Comme moi, il reconnaissait l’agression russe sans lui trouver d’excuses. Mais nous nous alarmions du durcissement des positions en présence qui ne laissaient de place ni à une initiative diplomatique ni à une désescalade.

La suite nous a donné raison. Dans ce conflit qui va entrer dans sa troisième année, on a souvent entendu Vladimir Poutine, Medvedev ou Lavrov brandir la menace d’un conflit nucléaire à mesure que l’Occident autorisait l’Ukraine à utiliser des armes à destination du territoire russe. La défense de l’Ukraine, outre la véritable saignée qu’elle a engendrée, se transformait peu à peu en une guerre entre l’OTAN et la Russie. En mars 2022, Boris Johnson venait saborder les espoirs d’un cessez-le-feu négocié en Turquie. Quelques mois plus tard, Mark Miley, le chef d’État-major de l’armée américaine, parlait de négociations. Ce fut cette fois Anthony Blinken qui s’y opposa. Quand le militaire propose la paix et le diplomate la guerre, quelque chose ne tourne pas rond.

Plusieurs fois, nous sommes passés à deux doigts de l’incident fatal, par exemple lorsqu’un missile antiaérien ukrainien retomba sur un village polonais, tuant deux de ses habitants. Pendant de longues heures, on se demanda si le monde allait basculer. Plus récemment, le choix de Joe Biden d’autoriser les Ukrainiens à utiliser des missiles à longue portée contre le territoire russe redoubla les tensions. Les Russes ripostèrent en modifiant leur doctrine nucléaire. Armageddon s’approchait toujours.

L’élection de Donald Trump, relooké en pèlerin de la paix, vint mettre un terme à l’inquiétante escalade guerrière. Des vingt millions de morts de 14, il n’y aura peut-être « que » le million de combattants russes et ukrainiens tombés dans ce conflit monstrueux, d’une haute intensité que l’on pensait appartenir à l’histoire. En attendant la paix, le front est toujours brûlant. OMERTA continue de le couvrir, en racontant la vie des hommes prêts au sacrifice, malgré l’usure et la fatigue. Les négociations sont en vue. Fidèle à sa promesse de campagne, Donald Trump a pris les choses en main. Vladimir Poutine accueille ses propositions avec intérêt et méfiance à la fois. Son armée progresse et les discussions s’annoncent serrées. Mais en ce mois de février 2025, nous ne sommes plus guidés par des somnambules, et une guerre mondiale a été évitée.

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Le sommaire

Partie 1 : Aux sources du conflit

  • p. 8 Ukraine : trois ans de reportages au plus près des combats
  • p. 22 Quand le narratif occidental se fracasse sur la réalité du terrain
  • p. 24 Ukraine : les petits télégraphistes de Kiev et Moscou
  • p. 34 Enfumage autour des sabotages de Nord Stream

Partie 2 : La somme de toutes les peurs

  • p. 40 La fin de l’ordre géopolitique euroatlantiste
  • p. 44 Ukraine : qui veut jouer avec le feu nucléaire ?
  • p. 48 Frappes de missiles de l’OTAN : analyse et conséquences
  • p. 52 L’Oreshnik, un message incompris
  • p. 54 Les drones, nouveaux rois du champ de bataille
  • p. 56 Peer de Jong : « Les changements politiques en Afrique vont nous déstabiliser »
  • p. 58 Néoconservateurs, les docteurs Folamour de la géopolitique mondiale

Partie 3 : Un monde bouleversé

  • p. 64 Comment la guerre en Ukraine bouleverse la géopolitique européenne et mondiale
  • p. 68 Jacques Sapir « L’Ukraine est en ruines. Sans les fonds européens, elle serait en faillite »
  • p. 72 Paix et sécurité globale : Trump et Poutine sur la corde raide
  • p. 76 Quelle politique étrangère pour la France à la lumière de la guerre d’Ukraine ?
  • p. 80 Sanctions : quand la lutte pour « nos valeurs » piétine « nos valeurs »
  • p.86 Magommed Gadzhiev, suite et bientôt fin ?
  • p. 88 L’Union européenne existera-t-elle encore en 2030 ?

Partie 4 : Nous y sommes allés

  • p. 94 À Soudja, la mort rôde autour des dronistes français
  • p. 100 Secteur de Tchassiv Yar : au cœur de la guerre, une journée ordinaire
  • p. 106 Klassik : « Soudain, une grenade tombe près de moi, je me couche. L’attente de l’explosion est infinie »
  • p. 109 Maria Boutina : « J’étais au centre d’un jeu politique qui dépassait largement ma personne »
  • p. 112 Notre sélection de livres

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