On l’avait rarement vu en camouflage de la tête aux pieds. Il a choisi Koursk et la compagnie de Valeri Gherassimov, son chef d’État-major, pour se montrer sur le front, une première aussi depuis le début de la guerre.
Le projet d’un cessez-le-feu de 30 jours signé entre Américains et Ukrainiens à Djeddah avait mis « la balle de la paix dans leur camp » comme avait dit le Secrétaire d’État américain Marco Rubio. Les Américains n’avaient imposé aucune limite de temps aux Russes pour répondre. Pas comme pour le Hamas. « Si samedi à 12 heures tous les otages n’ont pas été libérés, le feu de l’enfer s’abattra sur vous ! » avait menacé Trump. Cette fois-ci, le président américain a parlé d’un entretien téléphonique avec Poutine. Celui-ci aurait dû avoir lieu mercredi. Le Kremlin a finalement répondu vendredi. Et la réponse est d’abord « Niet ! ».
C’est Yuri Ushakov, le conseiller en politique étrangère de Poutine qui explique que la Russie n’y voit « rien d’autre qu’un répit pour l’armée ukrainienne pour se reconstituer et recommencer le combat ». Avant cela, Sergueï Lavrov, le ministre des Affaires étrangères, avait tenu à répondre en particulier à l’agitation belliqueuse des Européens en refusant de voir des troupes européennes assurer la sécurité de l’Ukraine.
Poutine avait poursuivi : « La Russie entend traiter les soldats ukrainiens capturés à Koursk comme des terroristes », dit-il. Pas vraiment le langage de quelqu’un prêt à apposer sa signature sur le texte d’un cessez-le-feu.
Il faut dire que le timing n’est pas le bon pour arrêter la guerre. On comprend bien que Moscou, à qui le sort des armes sourit en ce moment, n’est pas pressée de négocier. Cependant, il était peu probable que Poutine braque Trump alors que le cycle de négociations ne fait que débuter. Il faut reconnaître déjà qu’en supprimant temporairement l’aide à l’Ukraine et surtout le partage du renseignement, les Américains étaient allés loin pour montrer leur bonne volonté. Ils savent qu’en réalité, la Russie n’est pas hostile au cessez-le-feu, même s’il tombe au mauvais moment, mais à condition que ce dernier s’inscrive dans un règlement global du conflit sous la forme d’un nouveau pacte de sécurité avec les États-Unis et l’OTAN, ce qu’elle recherche depuis bien avant la guerre en Ukraine. Tout cela ne se fera pas en un jour…
Le mot de la fin est revenu finalement au président russe qui vendredi en fin de journée, à l’occasion d’une rencontre avec le président biélorusse Alexander Loukachenko déclare : « La Russie soutient la trêve en Ukraine, avec quelques réserves. Je remercie le président des États-Unis pour l’attention portée à ce conflit. Un arrêt des combats doit amener à une paix durable ».
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