Le coup de fil aura-t-il apporté une fin à la crise ? C’est en tout cas ce que prétend l’Élysée, en commentant hier soir la longue conversation qu’ont eue les présidents français et algérien.
Le principe d’une rencontre prochaine a été arrêté. Jean-Noël Barrot et Gérald Darmanin vont se rendre à Alger. Le chef de l’État français a « réitéré sa confiance dans la clairvoyance du président Tebboune et appelé à un geste de clémence et d’humanité » envers l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal. Ce dernier a été condamné jeudi à cinq ans de prison ferme par un tribunal algérien, une peine moins lourde que prévue et qui indique peut-être un recours prochain à la grâce par la présidence algérienne. « Les deux chefs d’État ont réitéré leur volonté de renouer le dialogue fructueux qu’ils avaient consacré avec la déclaration d’Alger d’août 2022 lors de la visite du président Macron et qui s’était traduit par des gestes forts en matière mémorielle », dit encore le communiqué. Bref, tout va très bien, madame la marquise, tout va très bien, tout va très bien…
Peut-on croire qu’un simple coup de fil aura suffi à nous rabibocher avec Alger ? Rien n’est moins certain. D’abord parce que Boualem Sansal est derrière les barreaux depuis quatre mois et demi et que, pour l’instant, il y reste. Ensuite, parce que Bruno Retailleau, le seul à vouloir engager un rapport de force avec l’Algérie, ne sera pas du voyage. Il semble être la victime expiatoire de la réconciliation. Enfin, parce qu’aucune OQTF n’a encore été acceptée par l’Algérie et que la France, en dehors de cet appel, n’a absolument pas tenté de se faire respecter tout du long.
Il reste que les relations entre nos deux pays ont permis des prises de position intéressantes. Chez OMERTA, nous avons reçu Bernard Lugan et Rachid Nekkaz, deux points de vue opposés mais deux érudits dont les entretiens auront permis à nos auditeurs de mieux comprendre les désaccords. C’est souvent en déballant tout sur la table qu’on commence à ranger les choses et que l’ordre réapparait. Souhaitons qu’il en soit ainsi pour l’Algérie et la France, deux pays qui se tournent le dos depuis trop longtemps.
