« Ite missa est », la messe est dite, en latin. À l’ONU, la résolution a été adoptée le jour du troisième anniversaire de l’invasion russe de l’Ukraine. Les États-Unis se sont alliés à la Russie lors d’un vote sans précédent sur le conflit ukrainien, poussant leur idée d’une paix rapide sans condamnation de Moscou, ni défense des frontières de l’Ukraine. Un tel attelage était inimaginable il y a deux mois à peine.
La France et le Royaume-Uni auraient pu opposer leur veto. Ils se sont abstenus. En réalité, ils n’ont pas les moyens de s’opposer aux États-Unis. Dans le même temps, à la Maison Blanche, Emmanuel Macron tentait de raccrocher le train français et européen à cette paix qui s’annonce, lui le belliciste qui en mars dernier voulait « envoyer des gars » à Odessa et expliquait qu’il n’existait « aucune ligne rouge » face à Poutine. Maintenant que la locomotive US a disparu pour mener le train de la guerre en Ukraine, les Européens affolés tentent de se raccrocher aux branches, à défaut d’avoir une position commune. Le rouleau compresseur Trump semble inarrêtable. L’Ukraine rejoint la liste des pays trahis par les États-Unis qui du Vietnam à l’Afghanistan est longue. Ceux-ci les avaient pourtant encouragé au bras de fer avec la Russie avant de les abandonner.
Les Européens paient le prix de dizaines d’années d’aveuglement stratégique et de soumission militaire aux États-Unis. Ils risquent de sortir de l’histoire s’ils ne prennent pas des décisions hardies pour prendre en main leur destin et leur place dans le monde nouveau qui est en train de naître.