Pour beaucoup, Agnès Buzyn reste cette ministre qui a quitté le navire du gouvernement pour remplacer Benjamin Griveaux après son scandale, dans le contexte des élections municipales à Paris, tout au début de la crise du Covid-19. Elle est celle qui a collé des affiches dans les aéroports pour toute mesure contre la maladie, et ne traîne pas une très bonne image derrière elle.
Pourtant, à l’en croire, rien ne s’est passé comme conté dans la presse. Alors qu’elle doit se présenter devant la Cour de Justice de la République pour sa mauvaise gestion de la pandémie (et donc « mise en danger de la vie d’autrui »), elle dit au contraire avoir été une Cassandre, du nom de cette prophétesse grecque que personne ne croyait.
Selon elle, tout est la faute d’Edouard Philippe et des autres membres du gouvernement qui, eux, n’ont pas pris conscience de l’ampleur de la crise. « Je n’avais pas l’impression d’être entendue » explique-t-elle. À nos confrères du Monde, elle explique « On m’a fait passer pour une idiote qui n’a rien vu, alors que c’est l’inverse. Non seulement j’avais vu mais prévenu ». Elle qui souhaitait rester à la Santé (elle est hématologue) n’aurait pas choisi de se lancer dans la course pour la mairie de Paris, mais y aurait été poussée par Edouard Philippe et Emmanuel Macron. Elle décrit d’ailleurs quarante-huit heures « infernales » durant lesquelles les cadres de LREM feront tout pour la pousser à remplacer Benjamin Griveaux. Un immense regret qu’elle garde toujours en tête.
Durant tout ce temps, elle aura « fait peur » à Emmanuel Macron quant à l’ampleur de la crise du Covid-19. À ce moment-là, le président de la République incite encore les Français à « aller au théâtre » et à ne pas céder aux discours alarmistes. Edouard Philippe, qui discute souvent avec elle, ne l’écoute pas pour autant. En résumé, Agnès Buzyn dit avoir tout bien fait, et que personne ne l’a écoutée. Peut-on la croire ? Vraisemblablement, c’est la Cour de Justice de la République qui tranchera.
Agnès Buzyn est la seule responsable politique à avoir été mise en examen pour ces raisons. De son côté, Edouard Philippe a été convoqué par l’instance judiciaire en tant que témoin assisté.