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Albator, icône de la droite italienne

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C’est un simple tweet de Giorgia Meloni datant du 9 avril 2019, rédigé à l’occasion des quarante ans du début de la diffusion du dessin animé Albator en Italie : « « Je me bats seulement pour ce en quoi je crois. » Il y a quarante ans débarquait en Italie le Capitaine Harlock, « le pirate de l’espace ». Il fut le symbole d’une génération qui défiait l’apathie et l’indifférence des gens, luttant contre ceux qui voulaient les priver d’avenir. » Capitan Harlock est en effet le nom italien usuel de celui que les Français nomment Albator, héros créé sous forme de bande dessinée en 1969 par Leiji Matsumoto qui vient de mourir à Tokyo à l’âge de 85 ans. Celle qui n’était pas encore le chef du gouvernement italien, mais déjà la présidente du parti conservateur Fratelli d’Italia, rendait ainsi hommage à une icône de son bord politique. 

De Tolkien à Matsumoto
Si le personnage d’Albator apparait en Italie sur les écrans via la chaîne Rai 2 dès le 9 avril 1979, c’est à partir de janvier 1980 que sera diffusée en France sur Antenne 2 la série en 42 épisodes du dessin animé Albator, le corsaire de l’espace (programmée dès 1978 au Japon). Elle connaîtra un grand succès et sera suivie d’Albator 84, également diffusée sur Antenne 2.

La droite étudiante italienne de la fin des années 1970 est en pleine effervescence créative, musicalement et graphiquement. Elle s’inspire volontiers de l’écrivain J.R.R. Tolkien (1892-1973), le père du Seigneur des anneaux et des Hobbits. Elle va vite récupérer à son profit le personnage d’Albator. Dès 1981, c’est le cas dans le journal Linea animé par Pino Rauti (1926-2012), ancien de la République Sociale Italienne devenu député du MSI néofasciste au sein duquel il animait la tendance nationale-révolutionnaire. Son gendre, Gianni Alemanno sera maire centre-droit de Rome de 2008 à 2013. Auparavant, la revue Linea, influencée par l’œuvre de l’écrivain Julius Evola, avait déjà exalté dans ses colonnes la figure du robot Goldorak, elle aussi en passe de devenir iconique chez les enfants et adolescents de l’époque.

Ce goût de la droite italienne pour les séries d’animation japonaises, considérées comme témoins d’une avant-garde populaire exaltant des valeurs héroïques, est à rapprocher de l’intérêt qu’avait pu entretenir le mouvement fasciste avant-guerre pour le futurisme du peintre Marinetti. Cette spécificité italienne, en ce qu’elle a pu influencer, comme on l’a vu, l’esthétique personnelle de Giorgia Meloni, mérite d’être soulignée.

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