A six mois du prochain scrutin européen, l’AfD occupe la deuxième place dans les sondages d’opinion outre-Rhin, derrière la CDU/CSU mais devant le SPD du chancelier Olaf Scholz. Né en Allemagne de l’Est, juriste de formation, de confession catholique et ancien membre de la CDU, le docteur Maximilian Krah, 46 ans, député européen sortant de l’AfD, est parvenu à se faire désigner l’été dernier comme tête de liste de son parti pour les élections européennes du 9 juin 2024. Les éditions de la Nouvelle Librairie ont eu la bonne idée de traduire son livre programmatique en français. Il y plaide pour une droite de conviction, tentant de dégager un corpus idéologique au-delà des élans protestataires portés depuis sa naissance par l’AfD, parti associé au Rassemblement national (RN) au niveau européen.
Pour étayer sa stratégie, Maximilian Krah s’appuie sur des auteurs conservateurs d’origine allemande comme Thomas Mann (1875-1955), Oswald Spengler (1880-1936), Carl schmitt (1888-1985) et Leo Strauss (1899-1973). Sur fond du constat lucide de l’effondrement du christianisme en Europe occidentale ces dernières années, Maximilian Krah prône l’émergence d’un conservatisme clairement enraciné à droite pour préserver ce qui peut l’être face à la tentation libérale.
Préserver l’ordre naturel
L’intérêt de sa démarche est notamment de se situer dans une logique civilisationnelle considérée comme ressort face à la crise existentielle des droites européennes trop souvent écartelées entre tentation progressiste et réflexe réactionnaire : « C’est précisément parce que la politique identitaire de gauche est en train de détruire tout l’ordre traditionnel et naturel qu’il est temps de mettre en place une politique identitaire de droite. » Renvoyer la gauche dans ses cordes en l’affrontant sur son terrain, voilà son pari.
Conscient qu’une convergence des forces conservatrices européennes est nécessaire sur le Vieux continent et qu’elle doit aboutir à une indépendance par rapport aux intérêts propres des États-Unis, Maximilian Krah plaide pour une « indépendance stratégique » de l’Europe, dont on devine qu’il est bien conscient de la difficulté qu’il y aura à la faire naître tant l’atlantisme prospère au sein des élites politiques continentales.
Maximilian Krah, Allemagne : plaidoyer pour une droite identitaire, La Nouvelle Librairie, 276 p., 21 euros.