Société
Enseignement : les défis du gouvernement Barnier
Si la personnalité du ministre de l’Éducation nationale déconcerte un peu, il en va autrement de de son collègue de l’Enseignement supérieur et du ministre délégué à la Réussite scolaire qui sont à la hauteur des enjeux. Reste à savoir comment sauver le navire.
Jérôme Besnard
16 octobre 2024 à 16:30
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Elle est arrivée à la tête du ministère de la rue de Grenelle, le fameux « mammouth » jadis ainsi décrit par son lointain prédécesseur Claude Allègre, par les hasards des arbitrages politiques qui ont donné naissance au gouvernement de Michel Barnier. Anne Genetet, issue de la bonne bourgeoisie de l’Est parisien est médecin de formation. Installée à Singapour à partir de 2005, elle est élue en 2017 député des Français de l’étranger face au sortant Thierry Mariani. En 2020, elle se fait élire au conseil municipal d’un village de 200 habitants dans le Lot. A compter de 2022, elle s’engage fortement en faveur de combat de l’Ukraine après l’invasion russe de ce pays. Elle doit avant tout sa nomination ministérielle à sa proximité politique avec l’ancien Premier ministre Gabriel Attal.
Une de ses premières missions de représentation fut de commémorer le 13 octobre le premier anniversaire du meurtre de Dominique Bernard par un islamiste d’origine ingouche, et le 16 octobre des quatre ans de l’assassinat de Samuel Paty par un autre islamiste, en l’occurrence un réfugié tchétchène. Seuls 78 incidents auraient, selon les ministères, perturbés les minutes de silence organisé dans les établissements scolaires, un chiffer qui paraît bas à de nombreux experts du monde scolaire.
A l'Enseignement supérieur, Patrick Hetzel, un fidèle de François Fillon
Comme ministre de l’Enseignement supérieur, Michel Barnier a habilement choisi Patrick Hetzel. Ce défenseur des spécificités alsaciennes est un universitaire âgé de 60 ans qui fut professeur de gestion à l’université Panthéon-Assas. Conseiller du premier ministre François Fillon, qui l’avait précédemment nommé recteur de l’académie de Limoges, il s’est fortement engagé derrière ce dernier lors de l’élection présidentielle de 2017. Sa venue le samedi 12 octobre dernier en tant que ministre à la Convergence annuelle du mouvent universitaire de droite UNI, fondé aux lendemains de mai 1968, a déclenché les foudres de la gauche. Cette organisation réputée proche du RPR, puis de l’UMP et des LR, sans pour autant être rattachée à un parti politique, est pourtant une école de formation politique reconnue qui prône la sélection par le mérite et s’oppose aux blocages récurrents des universités par des perturbateurs d’extrême-gauche. Le nouveau ministre compte bien évidemment s'opposer à la pénétration avancée du wokisme à l'université, dans la mesure de ses moyens.
A la Réussite scolaire, Alexandre Portier, un prof de philo pragmatique
Proche de Laurent Wauquiez, Alexandre Portier, 34 ans, est ministre délégué à la Réussite scolaire et à l’Enseignement professionnel. Normalien et ancien professeur de philosophie, il était depuis 2022 député de la circonscription du Beaujolais (Rhône). Il a donné son premier grand entretien à l’hebdomadaire JDD News du 9 octobre dernier. Son message à la communauté scolaire est très clair : « L’école doit impérativement se recentrer sur sa mission première qui est d’enseigner les fondamentaux : lire, écrire compter. » Concernant la seconde partie de l’intitulé de son ministère il rappelle que « Michel Barnier a souhaité rétablir un ministère de l’Enseignement professionnel qui avait été supprimé ». Quant à ce qui concerne l’enseignement libre, cible incessante de la gauche, il rappelle que « la liberté de choix des parents est fondamentale » et qu’il défend « toute l’école soit publique ou privée ».
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