Politique

Michel Barnier à l’Assemblée nationale : « Un gouvernement qui ne fera pas de miracles »

Le nouveau Premier ministre a réussi son entrée en piste, ou plutôt son retour dans un hémicycle qu’il connait bien. Lui qui a commencé sa carrière parlementaire sous Valéry Giscard d’Estaing comme benjamin de l’Assemblée nationale est aujourd’hui, à 73 ans, le Premier ministre le plus âgé à entrer en fonction sous la Ve République.

Des finances publiques dans le rouge


Après une minute de silence en hommage à Philippine Le Noir de Carlan, l’étudiante de l’université Paris-Dauphine assassinée par un criminel en situation irrégulière, a rappelé malgré la bronca imposée par les députés du groupe LFI qu’une « véritable épée de Damoclès » de 3 228 milliards d’euros de dette publique pesait sur les finances de la France et qu’il héritait du gouvernement Attal un déficit qui dépasser les 6 % au 31 décembre. Il a rappelé que le Projet de loi de finance qu’il va présenter aux parlementaires a été ficelé en « extrême urgence » en raison du calendrier politique de l’été. 

De ce fait, il a annoncé demander un « effort ciblé, limité dans le temps » aux grandes entreprises et aux contribuables les plus fortunés. En contrepartie, pour lutter contre la fraude sociale, il a annoncé entreprendre la sécurisation des cartes vitales, une mesure réclamée depuis des années par l’ancien magistrat Charles Prats, aujourd’hui engagé en politique auprès d’Éric Ciotti. Invoquant aussi bien le général de Gaulle que Pierre Mendès France, il a tenté ensuite déroulé un catalogue de propositions censées trouver des majorités variables, par delà le clivage gauche-droite. 

Le « en-même temps » se poursuit 


Insistant sur la « dette écologique », autre « épée de Damoclès », il a rappelé la nécessité de conforter la production énergétique nucléaire française et a posé certaines interrogations pertinentes quant à l’implantation éoliennes qui demanderont à être confirmées. Sur le plan de l’immigration, il a emboité le pas aux déclaration de son ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau : il veut en finir avec la logique de la table ouverte et du tapis rouge déroulé aux migrants. 

D’autres passages de son discours ont inquiété les milieux conservateurs, qu’il s’agisse de la relance de la discussion du projet de loi sur l’euthanasie, l’idée d’une « Journée nationale consultation citoyenne qui rappelle les (mauvais) rêves de « démocratie augmentée » que caressait Emmanuel Macron durant son premier quinquennat ou le moratoire sur l’évolution du corps électoral en Nouvelle-Calédonie. Tout Premier ministre qu’il soit, Michel Barnier reste sous l’autorité constitutionnelle de l’actuel Président de la République, conformément à l’esprit de la Ve République.

Ne pas froisser inutilement le RN


Le débat qui a suivi cette déclaration de politique générale a surtout permis de mieux comprendre les rapports de force qui s’installent : épargnant Marine Le Pen, car n’ayant rien à gagner à froisser d’entrée le Rassemblement national qui détient la clef d’une éventuelle motion de censure, il n’a pas hésité à remettre en place Gabriel Attal qui lui lègue un passif financier inquiétant même si ce dernier n’en est guère responsable vu le peu de temps qu’il a passé à Matignon. 

 

Jérôme Besnard

Soutenez un média 100% indépendant

Pour découvrir la suite, souscrivez à notre offre de pré-abonnement

Participez à l'essor d'un média 100% indépendant
Accédez à tous nos contenus sur le site, l'application mobile et la plateforme vidéo
Profitez de décryptages exclusifs, d'analyses rigoureuses et d'investigations étayées

Commentaires

Soyez le premier à ajouter un commentaire

À lire

L’OTAN se dote d’un nouveau secrétaire général

L’Organisation du traité de l’Atlantique nord, dont le siège est à Bruxelles, a fêté récemment ses 75 ans d’existence. Bras armée de la puissance américaine en Europe, elle vient de changer de secrétaire général, Mark Rutte succédant à Jens Soltenberg.

Melania Trump s'engage pour l'avortement

Dans ses mémoires, Melania Trump exprime son soutien au droit à l’avortement, une prise de position qui contraste avec celle de son mari, Donald Trump. À l'approche du duel du 5 novembre avec Kamala Harris, la question de l’IVG s'impose comme un enjeu clé.

Budget : une nouvelle taxation des grandes entreprises.

Le président de la République a approuvé l'idée d'une taxation « exceptionnelle » pour les grandes entreprises, après la proposition faite par le Premier ministre, Michel Barnier. Le but est de réduire progressivement la dette de la France alors que le déficit public risque d'atteindre 6 % du PIB cette année.

[Livre] - Une charge très documentée contre les projets révolutionnaires des élites mondiales

Un journaliste spécialisé en économie propose dans "Le monde qu’ils veulent" (L’Artilleur) une synthèse passionnante sur l’obsession de la globalisation qui règne parmi les élites politiques et financières mondiales. Du Club de Rome à Emmanuel Macron, on observe des discours semblables, obnubilés par le dépassement des nations et la mise en place d’une gouvernance planétaire.

Le 19 septembre, l’Empire contre-attaque dans les pages d'OMERTA !

Vous l’attendiez, il arrive ! Le sixième numéro du magazine trimestriel OMERTA saisit l’occasion de la campagne présidentielle américaine qui bat son plein entre Donald Trump et Kamala Harris pour une plongée au cœur de l’Amérique et de ses réseaux en France, en Europe et dans le reste du monde

À Voir

Iran : retour d'expérience sur CNews de Régis Le Sommier

Débat entre Régis Le Sommier et BHL