Et si les milliardaires européens passaient à la caisse pour défendre l’Europe ? C’est la proposition choc de l’Observatoire européen de la fiscalité, dirigé par l’économiste français Gabriel Zucman. L’idée : imposer un prélèvement annuel de 2 % à 3 % sur les patrimoines supérieurs à 100 millions d’euros. À la clé, entre 67 et 121 milliards d’euros récoltés chaque année pour soutenir l’effort militaire du continent.
La question prend tout son sens alors que Bruxelles vient de dévoiler un livre blanc fixant à 800 milliards d’euros les dépenses militaires à engager d’ici 2030. Un montant colossal, jugé encore insuffisant face aux défis géopolitiques et à un éventuel retrait américain sur le front ukrainien. Mais cette fuite en avant budgétaire et militariste interroge : est-ce vraiment la bonne voie pour l’Europe ?
Historiquement, taxer les plus riches en temps de guerre n’a rien d’inédit. La France et les États-Unis y ont eu recours durant les deux guerres mondiales, avec des taux d’imposition atteignant parfois des sommets. Gabriel Zucman défend aujourd’hui une mesure présentée comme « populaire », capable selon lui de renforcer la cohésion sociale.
Pourtant, le soutien affiché par un sondage Eurobaromètre évoquant 67 % d’Européens favorables à cette taxe reste flou : aucune indication claire sur la méthode de ce sondage, la question posée ou la fiabilité du chiffre. Une prudence s’impose.
Si la « taxe Zucman » a déjà fait son apparition dans le débat politique français — adoptée à l’Assemblée nationale contre l’avis du gouvernement — l’Europe reste divisée. Des discussions sont en cours dans quelques États-membres, mais la complexité du projet et les divergences politiques risquent de freiner cette initiative.
Plutôt que de céder à un réflexe va-t-en-guerre et à des dépenses sans limite, certains plaident pour un retour au dialogue et à des partenariats équilibrés avec des puissances comme la Russie. Une approche qui reste largement ignorée dans une Union européenne enfermée dans ses dogmes budgétaires et stratégiques.
Voir aussi : Ukraine, la guerre sans fin. Notre nouveau hors-série, actuellement dans tous les bons kiosques

Acheter en ligne : boutique.omertamedia.fr