Bolsonaro inculpé pour un complot visant à renverser la démocratie brésilienne

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Ce mercredi 19 février, le procureur général Paulo Gonet a officiellement inculpé l’ancien président brésilien Jair Bolsonaro pour avoir dirigé un complot visant à renverser le gouvernement et à saper la démocratie établie depuis 40 ans. L’acte d’accusation, qui fait suite à une enquête de deux ans sur le mouvement de déni électoral ayant provoqué des émeutes à Brasilia en début 2023, accuse Bolsonaro et son ancien ministre de la Défense, le général Walter Braga Netto, de diriger une « organisation criminelle » avec l’ambition de créer un nouvel ordre autoritaire, allant jusqu’à envisager d’empoisonner le président Luiz Inácio Lula da Silva.

Accusations et implications politiques

Selon l’acte d’inculpation, 34 personnes, dont plusieurs responsables militaires tels que l’ancien conseiller à la sécurité nationale, le général Augusto Heleno, et l’ancien commandant de la Marine, Almir Garnier Santos, seraient impliquées dans ce complot. L’enquête fédérale a mis en lumière un plan visant à obtenir un contrôle total sur les trois branches du gouvernement brésilien, par le biais d’un bureau central destiné à orchestrer un changement de régime radical.

Les avocats de Bolsonaro ont vigoureusement nié ces accusations, affirmant que leur client n’a jamais soutenu de mouvement visant à démanteler l’État de droit démocratique brésilien, et dénonçant l’enquête comme une chasse aux sorcières motivée politiquement. Deux décisions antérieures du Tribunal électoral fédéral avaient déjà empêché Bolsonaro de se présenter à l’élection présidentielle jusqu’en 2030, marquant ainsi un coup dur pour ses ambitions politiques.

Sur le plan judiciaire, les experts estiment qu’il est peu probable que Bolsonaro soit arrêté avant son procès, à moins que le juge Alexandre de Moraes, en charge du dossier à la Cour suprême, ne le juge comme un risque de fuite. Pour le politologue Carlos Germano, « il y a 99 % de chances que la Cour suprême accepte les accusations, mais la condamnation nécessitera des preuves solides. »

Cette inculpation, la première pour Bolsonaro malgré plusieurs contestations judiciaires depuis sa défaite électorale de 2022, risque de porter un coup décisif à ses espoirs de retour sur la scène politique en 2026. Si la Cour suprême devait condamner l’ancien président, il s’exposerait à une peine d’au moins douze ans de prison, une issue qui compromettrait définitivement toute possibilité de candidature future.

Pendant ce temps, le sénateur Flávio Bolsonaro, fils de l’ancien président, a dénoncé sur X ces accusations, les qualifiant de « mission inconstitutionnelle et immorale » visant à satisfaire les caprices du juge Alexandre de Moraes et à servir les intérêts de Lula. Malgré l’accumulation des charges et des plaintes – plus d’une centaine selon certaines sources – les alliés de Bolsonaro au sein du parti de l’ex-président Mauricio Macri restent fermement opposés à une procédure de destitution, arguant que ses chances de survie politique demeurent élevées dans un contexte de forte impopularité de Lula, confirmée par un sondage récent indiquant que seulement 24 % des Brésiliens approuvent le gouvernement actuel.

Les prochaines semaines seront cruciales pour déterminer l’issue de cette affaire, alors que les avocats de Bolsonaro disposent de deux semaines pour répondre aux accusations avant que la Cour suprême ne statue sur l’acceptation formelle du dossier. Une décision défavorable marquerait un tournant décisif dans l’histoire politique brésilienne et mettrait un terme définitif aux ambitions de l’ancien président.

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