« Une semaine noire pour la diplomatie française au Maghreb. Le russe Lavrov débarque en Mauritanie, rappel immédiat de l’ambassadeur d’Algérie à Paris et enfin un communiqué sobre mettant fin à la mission de l’Ambassadeur du Maroc en France », résume dans un tweet Hasni Abidi, directeur du Centre d’études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen (le CERMAM, à Genève).
La situation a en effet de quoi alarmer les observateurs : déjà grandement chahutée en Afrique subsaharienne, la France ne parvient pas à apaiser ses relations avec l’Algérie et le Maroc.
Le cas algérien est particulièrement problématique : les gages donnés par Paris en fin d’année dernière n’ont eu aucun effet sur la position l’Alger. Il suffit d’une affaire, l’affaire Amira Bouraoui, pour remettre le feu aux poudres. Amira Bouraoui, ex-figure du Hirak – mouvement d’opposition à l’ancien président Abdelaziz Bouteflika – a quitté illégalement l’Algérie pour la Tunisie où elle a été arrêtée et séquestrée le 3 février.
Selon TV5 Monde La militante des droits de l’Homme, détentrice de la nationalité Française, a bénéficié de l’intervention du consulat français de Tunis pour gagner la France, comme le prévoit la procédure de protection de ses ressortissants. Il n’en fallait pas plus pour qu’Alger condamne cette « exfiltration clandestine et illégale », et rappelle son ambassadeur en France, pour « consultation ». Cette échauffourée s’inscrit dans une démarche plus vaste de lutte contre les supposées ingérence et condescendance françaises.
Fin de mission pour l’ambassadeur marocain en France
Fin janvier, c’est le Maroc qui mettait fin à la mission de son ambassadeur en France, officiellement pour une réaffectation. En réalité, c’est plutôt l’agacement de Rabat qui aurait causé ce départ, devant la résolution du Parlement européen qui appelle les autorités marocaines à « respecter la liberté de la presse ».
Une résolution que le gouvernement marocain attribut au lobbying de la France… La décision de ne pas renouveler son ambassade est d’ailleurs intervenue le même jour, que l’adoption de la résolution, le 19 janvier dernier. « Cela ne saurait être une simple coïncidence », indique L’Orient Express, relayant le site Medias 24, qui décrit « une annonce aussi sobre et froide que peuvent l’être les colères du Maroc ».
Sergueï Lavrov en embuscade
Mali, Mauritanie, Maroc, Tunisie, Érythrée… Depuis le début de l’année 2023, le ministre des Affaires étrangères russes Sergueï Lavrov a mis un coup d’accélérateur à l’opération de séduction russe en Afrique. La petite musique qui se dégage de ces déplacements sonne très anti-française, et semble porter ses fruits. Au Soudan, jeudi 9 février, il vantait encore les mérites de Wagner sur le continent.
Selon le site mondafrique, au Maroc, l’annonce d’un partenariat avec le géant russe Rosatom portant sur le nucléaire civil avait provoqué la surprise en novembre. Le retrait français de ses anciennes colonies risque alors de laisser l’espace non pas à la souveraineté des peuples, mais à la main mise d’autres puissances étrangères, Chine et Russie en tête.