« Ne me citez pas, nous essaierons de vous aider »
Mme von der Leyen est prise dans un scandale bulgare. Et malheureusement, toute ressemblance avec une bien mauvaise blague serait fortuite. En effet Radostin Vasilev, un ex-membre du parti Continuons le changement (initiales PP en Bulgare) a décidé de gêner ses anciens amis, dont il désapprouve désormais la ligne. Pour cela, il exhibe un enregistrement clandestin, qui dévoile les manœuvres d’alliance en réunion entre le PP et un parti rival, le Gerb, pour former un gouvernement. Dans cet enregistrement de quatre heures trente, c’est surtout l’évocation de la présidente de la Commission européenne qui fait tiquer les observateurs français et européens.
Sur écoute, l’ancien premier ministre Kiril Petkov livre innocemment le discours suivant en évoquant les propos d’Ursula von der Leyen : « Je lui ai demandé quelles sont nos chances d’être acceptés. Elle m’a répondu : « Pour Schengen, vous avez de grandes chances. Pour la zone euro, vous devez trouver comment contourner les règles, c’est-à-dire « entrer dans le cadre ». Je lui ai répondu : « Pouvons-nous avoir [une estimation de] l’inflation moins l’effet Ukraine? » Et elle m’a dit : “Ne me citez pas, nous essaierons de vous aider.” »
Coup de pouce à la grecque
De quoi faire hurler bon nombre de citoyens européens qui se souviennent du scandale lié à l’entrée de la Grèce dans la zone euro. Celle-ci avait falsifié ses comptes, et précipité la crise de 2011 lorsque les réelles difficultés économiques du pays avaient fini par se savoir, mais trop tard. C’est un scénario cauchemar du même type que l’on peut craindre alors, si la Commission (entre autres) arrondit un peu (beaucoup) trop les angles pour « aider » la Bulgarie à rentrer dans l’Union.
L’existence d’un coup de fil entre Petkov et von der Leyen le 21 mai concernant l’adhésion éventuelle de la Bulgarie à la zone euro et à l’espace Schengen n’est plus à démontrer, c’est donc le contenu exact du coup de fil qui reste incertain. Le rapport indirect de ses paroles reste la seule trace connue. Rien ne fait en tout cas douter de l’insincérité du Bulgare pour le moment, qui ne se savait pas sur écoute. A l’heure actuelle, aucune communication officielle de la Commission ou de sa présidente ne vient démentir ou corroborer le discours.
Dans un discours au forum GLOBSEC de Bratislava (Slovaquie) ce mercredi, Ursula von der Leyen faisait la promotion d’une expansion plus efficace de l’UE, grand plan de croissance en quatre points à l’appui. Certaines déclarations prennent une tournure ironique à l’aune des révélations bulgares : « Nous réalisons enfin qu’il ne suffit pas d’attendre que nos amis en dehors de l’Union se rapprochent de nous […] nous devons également prendre la responsabilité de rapprocher de nous les aspirants à l’adhésion à l’Union. ». Quoi qu’il en coûte ?