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EDITO – Un collectif de rappeurs en appelle au Tchétchène Kadyrov contre le RN

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On peut parfaitement partager ou rejeter tout ou partie des idées du Rassemblement national,  sur la base d’un raisonnement étayé d’arguments concrets, précis, formulés dans la courtoisie, le respect de l’adversaire.
C’est visiblement trop demander à ce collectif de rappeurs  qui vient de sortir un clip  dans lequel ils appellent les jeunes issus de l’immigration à faire barrage au vote RN.
Pour comprendre, commençons par  un petit florilège  de ces génies du verbe. Dans le texte : « La dope remonte par Marbella », « baise la mère à Bardella », « on nique les Hela », « ils méritent de caner ». Mention spéciale pour cette dernière : « Marine et Marion les putes, un coup de bâton sur ces chiennes en rut ». Cela leur a échappé mais seuls les mâles sont en rut. Passons sur la maîtrise de la langue française. Pèle mêle ils appellent donc tranquillement au trafic de drogue, au sexe comme arme de punition de l’adversaire, à la mort de l’adversaire politique, à frapper des femmes. Les habitudes ont la vie dure. Le diagnostic cérébral est sérieux. Des synthèses aurait dit Jean Gabin, mais laissons leur encore une chance et poursuivons.

De toutes ces « punchlines », une a particulièrement attirée notre attention

« Je recharge la Kalashnikov en Louis Vuitton comme Ramzan Kadyrov ». Elle mérite quelques explications en toute bienveillance car se comparer au Président tchétchène est certainement un peu trop ambitieux.

D’abord, nous pourrions leur rappeler ou leur apprendre, que Ramzan est le fils d’Akhmat Kadyrov, rebelle rallié à Vladimir Poutine, qui mènera à ses côtés la sanglante opération anti-terroriste de 2000 à 2005 et dont le résultat fut l’élimination totale des djihadistes locaux mais aussi des mercenaires étrangers en particulier des nord africains et moyen-orientaux.
Les Tchétchènes sont d’un autre calibre, et s’assimiler au poulain du Caucase de Vladimir Poutine lui même qualifié de fasciste par toute la gauche bien pensante française est simplement grotesque. Nous pourrions aussi au passage leur rappeler ou leur apprendre que le Président russe a reçu Marine Le Pen en 2017 au Kremlin, en pleine campagne présidentielle, contre Emmanuel Macron. Rien à y redire pour Kadyrov. A Moscou ou à Grozny, pas de collectif d’artistes, pas de clip de rap, pas de punk à chiens dans les rues pour protester. 
Erreur 404, on risque la surchauffe. Poursuivons cette fois en Tchétchénie. Expliquons leur pourquoi ils font fausse route, simplement, concrètement. En effet, se revendiquer du leader tchétchène dont ils font une référence morale depuis des années démontre qu’ils n’ont rien compris à cette république membre de la Fédération de Russie. Pas un seul d’entre eux n’y a d’ailleurs mis les pieds, et il est d’ailleurs à peu près certain que jamais leurs pédigrés respectifs ne leur permettent d’y être invités par les locaux ou même d’obtenir un visa touristique pour s’y rendre.
En Tchétchénie, la lutte contre le narcotrafic, dont le business est un thème récurrent dans une bonne partie du rap français, est totale. Les dealers et réseaux d’importations et consommateurs  sont pour ainsi dire inexistants. L’ordre moral ne tolère pas les exceptions. Et pour ceux qui malgré tout font un pas de côté, il s’agit ensuite de survivre en bonne santé aux arrestations, avec l’assurance de terminer sa vie dans les geôles de Kadyrov. En Tchétchénie, le séjour en prison n’est pas une sinécure comme en France. Pas de téléphone portable, pas de chicha, pas de magazines pornos, pas de colis mais un régime strict d’ascèse car s’adonner au trafic ou à la consommation de produits stupéfiants est contre les enseignements de l’islam.
Les Tchétchènes, peuple de montagnards durs et fiers vivent un islam conservateur dans lequel les principes du livre doivent être appliqués par tous dans la vie quotidienne. Pas question non plus d’insulter les femmes, de déverser librement une bile d’obscénités à leur encontre, de les filmer en plein acte sexuel ou en train de « twerker », de vendre leur contenu intime sur des boucles Telegram, de les prostituer sur Vivastreet. A Grozny, les femmes sont voilées et cultivent leur féminité, mélange de tradition et de modernité. Dans la musique tchétchène, pas de filles en strings, dont on vante l’utilisation comme objets de plaisirs. 
Dans ce groupe de poète,  la palme d’or revient surement le rappeur Seth Gueko connut pour avoir raconter ses frasques sexuelles avec de jeunes thaïlandaises, à grand renfort de Jameson, sans évoquer d’ailleurs la question des ladyboys à laquelle son public n’aura jamais de réponse. A Grozny, le tourisme sexuel n’existe pas, Jacquie et Michel non plus, au grand dam de notre artiste qu’on retrouve l’air coquin dans une des productions du célèbre site porno visé par plusieurs plaintes pour viols et proxénétisme.

Harceler une femme dans la rue, se termine immanquablement en correction infligée par le premier passant, car les hommes se placent toujours en protecteur des plus faibles, de leurs femmes, filles, sœurs dont l’intégrité physique et morale est une des pierres angulaires des valeurs inculquées depuis l’enfance aux garçons. Un équilibre pour un peuple ancestral, et traditionnel comme d’ailleurs l’ensemble des peuples du Caucase (Daguestanais, Ingouches, Ossètes, Abkhazes etc…)
Pas question non plus de fleurter avec l’islamisme qui est devenu en France une mode pour certains, une raison de vivre, ou de s’encanailler, pour la plupart l’occasion de devenir enfin quelqu’un dans une société qui il est vrai ne propose plus chez les « élites » de bons exemples. Dans cette partie du Caucase, depuis 20 ans, les radicaux salafistes ou wahabites sont systématiquement éliminés d par les forces spéciales de la police locale, appuyées par les services spéciaux de Moscou. Musulmanes et nationalistes, les troupes de Kadyrov ont participé aux combats contre les djihadistes syriens et irakiens de l’EI. 

Depuis le plus jeune âge, la vie y est rythmée par le travail, le sport, et la religion. Une hygiène de vie stricte, et un ordre moral. Ce peuple de redoutables guerriers est brutal, critiquable mais cohérent avec ses valeurs. Il applique les valeurs auxquelles il croit profondément. La France, pays de tolérance extrême leur permet de chanter librement, et de gagner leur vie. Pourquoi alors ne pas rester cohérents et assumer simplement ce qu’ils sont sans chercher ailleurs des références mensongères, fantasmées ou auxquelles ils ne comprennent rien? 

Le shit, l’alcool, les filles, la violence gratuite, les trafics en tous genres, tout dans la vie de ce collectif d’artistes les place aux antipodes de Kadyrov et des tchétchènes en général. A n’en pas douter, au pays de Ramzan les paroles de leurs chansons, seraient suffisantes pour  les conduire tous en moins d’une heure à une bonne correction administrée sous l’œil des caméras des chaînes locales ou directement dans les geôles de Grozny.
A bien y réfléchir, pour nos artistes, la France ce n’est certainement pas si mal.

Notre prochain reportage OMERTA, justement consacré aux Tchétchènes, sera disponible le 12 juillet sur notre application.

 

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