Les élections législatives en Allemagne ont tenu toutes leurs promesses. Les résultats ne sont pas à proprement parler une surprise. L’effondrement du SPD d’Olaf Sholz, la victoire de la CDU de Friedrich Merz et celle de l’AfD d’Alice Weidel, étaient annoncé depuis longtemps. C’est la carte électorale qui restera peut-être la plus grosse surprise.
On savait l’AfD, formation de droite nationale, très implantée dans les länder de l’Est. On n’imaginait pas que son succès d’hier ferait revivre quasiment à l’identique la carte de l’Allemagne de l’Est, avec comme conclusion que dans les esprits, le mur n’est en réalité pas tombé. Certes la progression de l’AfD se fait partout. L’immigration et l’insécurité auront dominé de bout en bout l’élection avec en toile de fond l’échec de la politique d’accueil voulue en 2015 par Angela Merkel et les attentats islamistes qui se multiplient, au rythme de huit en cinq mois.
Mais la réalité sociologique et politique du pays demeure, avec un Est pauvre et arcbouté sur son identité, et un Ouest riche soucieux de conserver ses avantages socio-économiques. N l’avait oublié. Plus de trente ans après la réunification, l’Allemagne répond toujours à la phrase de l’écrivain François Mauriac : « J’aime tellement l’Allemagne que je suis ravi qu’il y en ait deux. »
Cette Allemagne de l’Est qui a ressurgi de l’histoire aura plébiscité Alice Weidel et son parti qui dans un länder comme celui de Thuringe dépasse les 40%. Si cette patrie du socialisme existait de nos jours, Weidel en serait assurément la chancelière. Pour le reste du pays, il lui reste encore une marge de progression.
Deuxième formation politique du pays, l’AfD va devoir rester dans l’opposition. Elle n’intégrera pas la coalition que le futur chancelier Friedrich Merz va former, en raison du cordon sanitaire dont elle est l’objet de la part des autres partis. Ce qui en réalité est un avantage pour elle. En effet, la CDU va devoir composer avec le SPD, une gauche modérée rejetée par l’opinion et donc sera entraver pour mener une véritable politique souverainiste et anti-immigration. Dans quatre ans, si les choses ne changent pas ou peu, l’AfD en ressortira plus forte et l’exaspération des Allemands pourrait alors la porter au pouvoir.