On ne saurait trop recommander de relire préalablement à une telle réflexion l’Histoire de deux peuples de Jacques Bainville (1879-1936). Mais on lira aussi avec profit le récent ouvrage Cousins Germains, premier livre prometteur d’un jeune Inspecteur des Douanes, Gabriel Melaïmi, diplômé de l’IEP de Rennes et qui ne fait pas mystère de ses opinions souverainistes.
La rivalité entre l’Allemagne et la France est millénaire. Elle trouve notamment son origine dans le partage en trois de l’Empire de Charlemagne, puis dans l’opposition entre les rois de France et les empereurs du Saint-Empire. Cette rivalité trouvera sa conclusion provisoire dans les affrontements des deux Guerres mondiales et dans l’anéantissement du totalitarisme hitlérien. C’est sur les décombres de celui-ci que naîtra l’utopie européenne, nourrie de nostalgie carolingienne, qui montre indéniablement aujourd’hui des signes de faiblesse.
La thèse développée par Gabriel Mélaïmi est que cette situation provient de notre déni de la différence fondamentale entre l’État-nation à la française et la fédération impériale dont l’Allemagne cultiverait la nostalgie. En conclusion, parlant de l’Europe, l’auteur n’hésite pas à parler de « soumission de tout un continent aux intérêts d’un seul de ses États ». Pour sortir de cette impasse et du déni de celle-ci, il invite ses lecteurs à réapprendre à aimer la France et souhaite que celle-ci retrouve une ambition autonome, fidèle à ses intérêts de puissance afin de rééquilibrer l’Europe.
On pourrait ajouter qu’il serait également urgent pour les Français d’apprendre à mieux connaître l’Allemagne, à ne pas délaisser l’usage de sa langue et à approfondir la connaissance de la mentalité de son peuple. C’est à ce prix que l’on pourra songer à sortir de l’ambiguïté, délétère pour nos deux pays, cultivée par des élites postnationales trop coupées du réel.
Gabriel Melaïmi, Cousins Germains, 194 p., 9,97 euros. Disponible sur Amazon.