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Éthiopie : un accord de paix signé entre le gouvernement et les rebelles du Tigré

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Pretoria, capitale administrative de l’Afrique du Sud, accueillait ce mercredi 2 novembre les autorités éthiopiennes et tigréennes, afin d’acter la signature d’un « accord de paix » qui devrait mener à la « cessation des hostilités ». Cet accord ressemble plus à un cessez-le-feu qu’à une réelle déclaration de paix. Mais il est peut-être le premier pas historique de la normalisation des rapports entre l’Éthiopie et la région du Tigré.
 
Le représentant du gouvernement éthiopien, Redwan Hussein, et le chef de la délégation tigréenne, Getachew Reda, ont tous deux pris la parole avant d’apposer leurs signatures, sous l’égide vigilante du médiateur de l’Union africaine, Olusegun Obansajo. Le gouvernement affirme son « respect de la lettre et de l’esprit » de l’accord, et reconnaît que « le niveau de destruction est massif ». « Seule notre détermination collective empêchera les perturbateurs, y compris dans nos propres rangs, de détruire la paix », a de son côté martelé le représentant tigréen. « On a toujours eu le sentiment que cette guerre nous avait été imposée. Maintenant que nous sommes ici pour signer un accord, pour au moins, explorer les chances de voir si on peut faire la paix, ce sera un soulagement, non seulement pour le peuple du Tigré, mais pour toute la population éthiopienne », a-t-il ajouté. Une « avancée capitale » saluée par Washington et par l’ONU.
 

Une paix durable est-elle possible ?
 
S’il y a effectivement une volonté commune pour que « les armes se taisent », il faut dire qu’elle semble poussée par la nécessité plus que par la conviction. Le nord de l’Éthiopie et le Tigré manquent de tout et surtout de nourriture : la famine rôde. L’ONU a interpellé à de nombreuses reprises sur l’impact des hostilités sur les civiles, avec notamment des risques de génocides. On observe d’ailleurs que les aides humanitaires internationales n’ont pas accès aux zones sinistrées et on ignore tout du bilan humain de ces deux ans de guerre. Le gouvernement éthiopien d’Abiy Ahmed a tout fait pour éviter que le conflit soit médiatisé. S’il devient trop visible que l’opération militaire est un fiasco humain, son statut de lauréat du prix Nobel de la paix en 2019, obtenu grâce au rapprochement qu’il a su opérer avec l’Érythrée, en prendrait un coup.  
 
L’accord de paix ne résout aucunement le problème de fond : le Tigré est l’une des dix régions autonomes de la fédération d’Éthiopie. Ses élites se sont soulevées d’abord politiquement contre le processus de centralisation sur Addis-Abeba enclenché depuis l’accession au pouvoir d’Abiy Ahmed en 2018. En écartant le TPLF tigréen du pouvoir en 2020, alors qu’il s’agit d’un des plus puissants partis éthiopiens, il les a contraints à opter pour la contestation armée. En arrière-plan, il faut aussi composer avec le troisième acteur de cette guerre : l’Érythrée. Ennemis jurés des Tigréens, ils combattent au côté de l’armée éthiopienne. Dans un tel contexte, la paix semble difficile, mais pas impossible si la volonté politique est suivie d’effets sur le terrain. 

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