Après l’annulation de l’élection présidentielle en Roumanie le 6 décembre dernier alors que le premier tour avait porté en tête Câlin Georgescu, un candidat « alternatif », la candidature de ce dernier a été purement et simplement invalidée. Georgescu s’est alors rallié à la bannière de Georges Simion, dirigeant du parti AUR, désormais favori pour l’élection en mai. Nous l’avons rencontré à Bucarest, en exclusivité.
« Nous, les Roumains, avons servi de terrain d’expérimentation. Je suis consterné par ce qui s’est passé en France. Tout ce qu’ils cherchaient, c’était d’exclure Marine Le Pen du processus électoral. »
OMERTA : Votre candidature a été acceptée, mais existe-t-il toujours un risque qu’elle puisse être invalidée à la dernière minute ?
Georges Simion : Ils vont essayer, c’est la raison pour laquelle nous communiquons au monde entier sur ce qu’il se passe en Roumanie, sur les projets de Bruxelles et ceux d’Emmanuel Macron. Ce dernier, je le rappelle, n’a d’ailleurs même pas la confiance du peuple français. Nous l’avons vu lors des dernières élections en France. Il n’a pas été capable de réunir les voies nécessaires. Il n’est pas du tout arrivé en tête, à peine second. Les Français ne veulent plus d’Emmanuel Macron. C’est très clair, les élections l’ont démontré. Nous, en Roumanie, nous avons besoin d’une élection honnête. Ici, ce qu’a fait l’ambassadeur de France est tout à fait inacceptable (rencontre avec un membre de la Cour Constitutionnelle avant l’annulation du scrutin). Et il l’a fait, sur ordre du président Macron. Nous sommes un peuple francophone. Nous cherchons à avoir de bonnes relations avec la France mais l’attitude de l’administration d’Emmanuel Macron a été tout à fait scandaleuse.
OMERTA : Vous en êtes certain ? Selon vous, les Français seraient intervenus dans le processus électoral roumain ?
Georges Simion : Le gouvernement d’Emmanuel Macron, oui.
OMERTA : Avez-vous des preuves ? Y a-t-il eu une enquête là-dessus ?
Georges Simion : Les services de renseignement roumains n’ont rien trouvé par exemple sur l’ingérence supposée des Russes par exemple (la campagne sur TikTok manipulée par des comptes russes en faveur de Câlin Georgescu). Ils ont écrit des rapports sur ce qui avait pu se passe mais en réalité, rien de tout cela ne s’est produit. Cette élection était le choix du peuple. Les seuls à avoir financé quelque chose était le Parti Libéral Démocratique qui ont payé des publicités dans le but de diminuer mes chances de pouvoir être présent dans ce second scrutin… Maintenant en ce qui les preuves dont je parle, sont celles de la rencontre entre l’ambassadeur de France le mois dernier et le président de la Cour Constitutionnelle. Un ambassadeur ne doit pas agir ainsi, il s’agit d’une entorse aux principes de la diplomatie. Il a d’ailleurs rencontré la Cour audiovisuelle, donc c’est très compliqué à défendre… Il faut ajouter également que le président roumain par intérim, élu pour trois mois, a été sollicité pour mettre des personnes favorables à la France dans son administration. Au sujet des ingérences encore, Monsieur Macron a réalisé une vidéo sur son téléphone portable où il dit: « Elena Lasconi, tu as notre soutien » (Elena Lasconi, également candidate à l’élection). Pourquoi les Français disent-ils que les Américains influencent notre élection avec leur message souverainiste quand Emmanuel Macron lui-même a montré dans une vidéo qu’il soutenait une de candidate roumaine ? Nous sommes des alliés des Américains, comme nous sommes des alliés des Français. Notre souhait est de ne pas prendre parti dans la guerre Russo- ukrainienne parce que cela ne mène nulle part. La solution c’est la désescalade du conflit. La solution à cette guerre ne se trouve pas dans les mains de la France. Et l’idée d’envoyer des troupes britanniques, françaises et d’autres pays européens est totalement idiote. Nous faisons partie de l’Union Européenne qui n’est pas une alliance militaire. Nous faisons partie de l’OTAN qui est une alliance défensive, une alliance militaire et nous faisons partie des Nations Unies. Il n’est pas possible de décréter une force française et britannique et soudain de décider d’envoyer des troupes là-bas… Qu’est-ce que cela signifie ?
OMERTA : Pour en revenir à votre candidature. Pourquoi vous autorisent-ils à vous présenter, et pas Câlin Georgescu ?
Georges Simion : Câlin Georgescu a été très radical dans ses propos en annonçant que s’il était élu, il arrêterait les responsables des services de renseignement et de l’État Profond. Donc, ils ont paniqué et se sont dit qu’ils allaient le charger de tous les maux pour diminuer ses chances d’être élu. Ils ont tenté de le faire via la télévision, mais les Roumains savent bien que lorsqu’on leur dit quelque chose à la télévision, la vérité ne se situe pas là justement. La vérité en fait, c’est l’inverse de ce qu’ils disent. Donc les gens ne les ont pas crus. Le processus électoral avait commencé et Mr. Georgescu aurait gagné 70% des voix s’il était allé au bout. Donc ils se sont dit qu’ils seraient arrêtés s’il était élu et qu’il fallait d’urgence annuler les élections. Est-ce que Ursula (Van der Leyen) et Macron nous donnent l’autorisation ? Oui !Alors allons-y ! Allons-y ! Donc, pour faire plaisir à Emmanuel Macron, ils ont inventé une ingérence des Russes. Il n’y en a aucune preuve. Il faut être clair.
OMERTA : Vous parlez de la manipulation de TikTok ?
Georges Simion : Oui. Maintenant vont-ils refaire la même opération ? Vont-ils la répéter ? Peut-être vont-ils essayer de m’arrêter. C’est possible, mais m’empêcher de me présenter ? Non, je ne le crois pas. Et pour eux, c’est trop dangereux d’annuler l’élection une deuxième fois. Ils ne peuvent pas recommencer. Donc, nous allons voir. Nous sommes très proches au niveau des idées de Georgia Meloni. Nous nous souvenons qu’au moment de son élection, dans la dernière semaine, Ursula Van der Leyen était intervenue pour avertir les Italiens de ne pas quitter l’Union Européenne. « Ne votez pas pour « Fratelli d’Italia » (le parti de Georgia Meloni) » ! Le peuple italien a parlé. Donc laissons le peuple roumain décider pour eux-mêmes. Et je suis certain que, quand Emmanuel Macron quittera ses fonctions, le peuple français choisira aussi la voie du bon sens. Et ils se trouveront un leader qui voudra de bonnes relations avec les Etats-Unis, qui aussi sera proche de l’idéologie MAGA (Make America Great Again, les idées de Trump). Ils voudront les idées qui ont triomphé aux Etats-Unis et progressent un peu partout. Ils veulent mettre un terme au changement de genre enseigné aux enfants, au wokisme et à la « cancel culture ». Vous vous rendez compte ! Maintenant on voit des immigrés clandestins détruire des peintures, des statues en France. C’est quoi ça ? Ce n’est pas normal.
Nous en Europe de l’Est, nous sommes préservés. Nous sommes des peuples conservateurs. Le vrai combat a lieu en ce moment en Europe de l’Ouest et en France en particulier. Donc il faut vous réveiller ! Allez les bleus !
OMERTA : Lors de notre dernier entretien sur OMERTA tout était calme en France. Là, Marine Le Pen est interdite de se présenter à la prochaine élection en raison d’une décision de justice. Pensez-vous que la Roumanie a servi de point de départ d’un mouvement européen d’ingérence dans les élections et qui décide qui a le droit et qui ne l’a pas ?
Georges Simion : Oui nous avons servi de terrain d’expérimentation. Ils voulaient voir quelle serait la réaction des gens. Et ils le feront encore partout en Europe. Je suis consterné par ce qui s’est passé en France. Même si Marine Le Pen a le droit d’aller en appel, elle est victime d’une mesure exécutoire qui n’est pas conforme à la loi. Tout ce qu’ils cherchaient, c’était de l’exclure du scrutin, du processus électoral. Et ça, c’est inacceptable. Et, je l’espère, de nouvelles figures, des jeunes, Marion Maréchal, Jordan Bardella ou quelqu’un d’autre fera ce que nous avons fait en Roumanie, en remplaçant Monsieur Georgescu tout en conservant un front uni. Car unis nous vaincrons, mais divisés nous perdrons.
Propos recueillis par Régis Le Sommier