L’Iran sera-t-il le premier succès diplomatique mondial de Donald Trump ? C’est encore trop tôt pour le déterminer.
Le bruit des bottes résonne de plus belle. Un, puis deux porte-avions américains, croisent actuellement en Méditerranée orientale, faisant la navette entre la mer Rouge et les rivages du Liban. Les Houthis au Yémen, alliés de l’Iran, sont toujours la cible de frappes américaines intenses qui visent à détruire leurs capacités d’attaquer les navires occidentaux et de frapper Israël.
Dès son entrée en fonction à la Maison Blanche, Donald Trump s’est posé en négociateur de talent. Il a promis d’arrêter la guerre en Ukraine en moins de 24 heures et celle de Gaza en à peine plus de temps. Mais, comme le disait Lénine dans un autre temps et dans une autre galaxie, « les faits sont têtus ». Aujourd’hui, après une entrée en fanfare, le choc du réel rattrape le président américain à peu près sur tous les sujets.
L’Iran ne fait pas exception. On est au bord de la guerre, avec un Netanyahou vainqueur du Hamas (enfin pas tout à fait), du Hezbollah, bien diminué il est vrai, et acteur indirect de la chute de Bachar al-Assad en Syrie, ce qui l’arrange bien car désormais, l’Iran ne peut plus ravitailler son allié fidèle au Liban. Le croissant chiite est en berne. Reste le plus gros du morceau, l’Iran. Le pays dispose d’armes balistiques en nombre. Il en a fait la démonstration lors de frappes sur Tel Aviv l’an dernier. Les victoires d’Israël l’ont cependant isolé. Pour beaucoup, le coup de grâce viendra bientôt. Et c’est là que Trump intervient, avec sa rhétorique enflammée. Un moment, on pense qu’il va devancer les Israéliens et frapper les infrastructures nucléaires en premier. Lors de sa dernière visite à Washington, Benjamin Netanyahou en était persuadé. Puis, devant les caméras et à la grande surprise du Premier ministre israélien, Trump parle de négociations qui avancent.
Depuis, les choses ont encore évolué. Si accord il y a, l’Iran serait autorisé à développer son programme nucléaire civil. Les États-Unis pourraient s’assurer que le programme n’a aucune fin militaire. En échange, ils lèveraient l’embargo qui pénalise l’économie iranienne depuis si longtemps. En un sens, Trump retricote le JCPOA, l’accord négocié et signé à Vienne en 2015 sous Barack Obama et que lui-même a rendu caduque en 2018. On se souvient qu’en mars, Trump avait écrit à Ali Khamenei, le chef de la République islamique, qui lui a répondu. En dehors de ces échanges épistolaires, deux séances de négociations ont déjà eu lieu à Oman et à Rome, qualifiées à chaque fois par les deux camps de positives. C’est encore le magnat de l’immobilier et ex-avocat de Trump, Steve Witkoff, qui mène la danse côté américain. Côté iranien, on trouvait le ministre des Affaires étrangères iranien, Abbas Araghchi, un pragmatique. De l’Ukraine à la guerre tarifaire en passant par Gaza, le dossier iranien semblait de loin le plus délicat, tant la volonté de frapper des Israéliens semblait forte. Il risque peut-être, et contre toute attente, de faire figure pour Trump de premier succès diplomatique…