Plusieurs milliers de personnes se sont mobilisées pour manifester leur soutien aux femmes iraniennes qui luttent contre le port obligatoire du voile et pour dénoncer la répression violente exercée par le régime sur les manifestants. Au moins 92 personnes ont en effet été tuées par la répression en Iran selon l’ONG Iran Human Rights depuis la mort de Mahsa Amini. La jeune femme était décédée suite aux sévices que lui avaient fait subir la police des mœurs pour « port de vêtements non appropriés », entendu qu’elle ne portait pas correctement son voile. Plusieurs personnalités de gauche ont participé à la manifestation dont le premier secrétaire du Parti Socialiste, Olivier Faure, l’eurodéputée LFI Manon Aubry, la sénatrice PS Laurence Rossignol ou encore la députée écologiste Sandrine Rousseau.
Cette dernière a peiné à prononcer son discours, huée par la foule en raison de ses déclarations passées sur le voile. Au sujet de la campagne pro-hijab lancée par le Conseil Européen, Sandrine Rousseau avait en effet déclaré face à Fatiha Boudjahlat sur le plateau de LCP en novembre 2021 que le voile pouvait être un signe « d’embellissement » et qu’il relevait de la liberté des femmes à se vêtir comme elles le souhaitent. La députée avait aussi apporté son soutien aux « hijabeuses », les femmes qui avaient manifesté pour l’autorisation du port du voile dans les compétitions sportives début 2022. Pour afficher son soutien à Sandrine Rousseau après les événements de la manifestation, la députée LFI Danièle Obono tweete le 3 octobre : « Bonjour à tous et toutes ! Sauf aux gens qui instrumentalisent la lutte des femmes en Iran contre l’oppression pour insulter et disqualifier la lutte des femmes en France contre l’oppression. Ceux-là : mangez vos morts. »
Invitée sur France inter le 3 octobre, Sandrine Rousseau déclare que toutes les femmes de gauche ayant pris la parole lors de la manifestation ont été huées. La députée s’interroge sur le fait d’invectiver des femmes lors d’une manifestation en soutien à ces dernières, estimant que le féminisme est plus accepté lorsqu’il est « loin » que lorsqu’il est en « France ». Réagissant à ces déclarations, la sénatrice Laurence Rossignol, présente à la manifestation, dément avoir été huée par la foule lors de sa prise de parole et dénonce une « manipulation » de Sandrine Rousseau. La sénatrice invite la députée à assumer « ses positions » et à ne pas chercher à « embarquer » toutes les femmes de gauche « dans le même bateau ».
Laurence Rossignol a en effet toujours dénoncé le voile en France et à l’étranger, le considérant comme une marque « d’esclavage » en soi comme elle le déclarait sur RMC en 2016. Si la sénatrice estime que le voile n’est pas souhaitable, peu importe le contexte de son utilisation, ce point de vue n’est pas partagé par Sandrine Rousseau. Cette dernière estime en effet qu’il est possible de lutter contre le voile à l’étranger et de le défendre en France, où n’étant pas obligatoire, il prend une signification différente. Cet événement révèle des dissensions idéologiques entre plusieurs courants de gauche, qui perdurent malgré l’alliance de la Nupes.