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La jeunesse conservatrice s’émancipe

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Une génération met parfois dix ans à mûrir et à éclore. Les jeunes militants de la droite parlementaire sont les enfants des mobilisations contre la modification de la loi sur le mariage souhaitée par François Hollande en 2012, dont on ne relève généralement que le volet de protestation morale contre la remise en question de la famille traditionnelle héritée du droit romain et du christianisme. Il y avait aussi dans ces mobilisations la volonté d’en finir avec l’arrogance d’une caste politique sociale-libérale qui est demeurée au pouvoir après l’élection d’Emmanuel Macron en 2017. C’est cette hostilité à des « élites » déconnectées du réel qui a infusé. Elle connait aujourd’hui ses premières traductions politiques concrètes.

En publiant un débat entre les responsables jeunes des LR, de Reconquête et du Rassemblement National, la rédaction du mensuel L’Incorrect, qui s’inscrit depuis son lancement en septembre 2017 dans cette sensibilité issue des mobilisations de 2012 et 2013, n’a pas révélé une possible existence de l’« union des droites », concept plus ancien qu’on ne le croit et assez échaudé à nos yeux, mais il a montré d’évidentes convergences de mentalité entre Guilhem Carayon (Jeunes Républicains), Stanislas Rigault (Reconquête !) et Pierre-Romain Thionnet (RNJ). Avec des sensibilités différentes, favorables ou critiques vis-à-vis du libéralisme économique ou de la réforme des retraites par exemple, ils se retrouvent sur le conservatisme, c’est-à-dire sur l’envie de préserver ce qui leur est particulièrement cher : des paysages, un peuple, une culture… Leur conservatisme ne relève pas de la frilosité ou d’un goût immodéré du passé mais bien de cet amour de la civilisation européenne, avec ses variantes nationales, qui demeure une des plus brillantes que la Terre ait porté.

Pérenniser la nation française
Trop peu connue en France, la pensée du philosophe anglais Roger Scruton (1944-2020) est celle qui développe le mieux cette nécessité du conservatisme européen. Cela lui a valu une certaine notoriété dans son pays natal, berceau du conservatisme, mais aussi en Hongrie où le Premier ministre Viktor Orban ne tarit pas d’éloges à son égard. Il existe évidemment en France une tradition conservatrice inaugurée au XIXe siècle par Chateaubriand, ce royaliste libéral, dont la sensibilité pourrait se retrouver à des degrés divers au XXe siècle chez le romancier Maurice Barrès, le juriste Charles Benoist, l’historien Jacques Bainville et, n’en déplaise à certains, chez le général de Gaulle lui-même. Un conservatisme qui croit en la continuité de l’Histoire de France, en la pérennité de la nation et à la nécessité de préserver son avenir. 

Qu’ils soutiennent les tandems Wauquiez-Ciotti, Zemmour-Maréchal ou Le Pen-Bardella, les jeunes conservateurs qu’à fait dialoguer L’Incorrect partagent un même état d’esprit, forgé pour qui dans le Tarn, pour qui dans l’Ouest ou encore du côté du Jura. A mille lieues donc des pathétiques avant-gardes acquises au wokisme, à l’européisme béat et au sans-frontiérisme. C’est ce qui inquiète leurs détracteurs. 

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