La taxe SNCF n’existe pas : c’est l’État qui paye. Mais, comme chacun sait, l’argent de l’État, c’est en fait celui des contribuables français. Sans le savoir, chacun d’eux paie la « taxe SNCF », à hauteur de 276 euros par an.
En cause, un service public qui perd toujours en rentabilité. En sept ans, son coût a augmenté de 4,5 milliards d’euros, pour atteindre le coquet déficit de 18,5 milliards. Mais, contrairement à ce qu’on pourrait intuitivement penser, cette somme n’est pas le total des billets de train achetés. Non, en fait, il s’agit bien d’un surcoût de ce service public, payé même par les non-usagers des trains. Au total, les usagers ne couvrent que 57% des dépenses, le reste étant à la charge de ceux qui n’utilisent pas ce service. Si l’année dernière, elle approchait déjà les 250 euros, elle connaît cette année une augmentation de 10%, toujours sans compter sans son exorbitante dette.
En effet, la dette de la SNCF est pour le moins effrayante : 36 milliards d’euros nets, et ce, malgré les quelque 25 milliards repris au compte de l’État en 2020. Début 2022, l’entreprise publique a contracté un emprunt supplémentaire de 10 milliards, franchissant donc allègrement la ligne rouge.
Selon le rédacteur de la note, François Ecalle, cette situation est partiellement due à des investissements que l’on pourrait qualifier de « jacobins » : seules les lignes de TGV ont bénéficié de financements massifs, délaissant ainsi le Transilien et les lignes régionales TER. Or, aujourd’hui, il faut les rénover, et l’État n’a plus de marge de manœuvre pour le faire. Les régions -qui achètent à la SNCF ses services- n’ont d’ailleurs rien arrangé avec leurs offres préférentielles pour les jeunes voyageurs en TER, liées à l’augmentation du prix des billets. La crise énergétique n’arrange d’ailleurs rien : l’augmentation du prix de l’électricité a un impact direct sur la consommation des trains. Alors que l’exécutif a déclaré à maintes reprises vouloir s’appuyer sur le secteur ferroviaire pour réduire l’usage de l’avion, seule l’inflation « naturelle » sur les billets d’avions sauve la mesure.
Parmi les autres importants coûts, le régime spécial de retraites des cheminots : 3,3 milliards d’euros. Aboli en 2020, il ne concerne cependant que les nouveaux salariés, et ses effets ne devraient pas se voir avant quelque temps.