AccueilGéopolitiqueL’accueil d’un ancien soldat nazi au Parlement canadien scandalise l’opinion

L’accueil d’un ancien soldat nazi au Parlement canadien scandalise l’opinion

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Des députés canadiens debout pour en train d’applaudir. La scène se passe le vendredi 22 septembre au parlement canadien en présence du Premier ministre canadien, Justin Trudeau et du président ukrainien, Volodymyr Zelensky. Une séquence qui a entraîné une énorme polémique au Canada et partout dans le monde. En effet, les applaudissements sont destinés à Yaroslav Hunka, 98 ans, présenté comme « un vétéran ukraino-canadien de la Seconde Guerre mondiale qui s’est battu pour l’indépendance de l’Ukraine contre les Soviétiques ».

L’homme, veste grise sur les épaules, a en fait servi dans la 14e division de grenadiers de la Waffen-SS, « Galicie ». Outre-Atlantique, cette invitation est vivement critiquée. Une association de défense de la communauté juive au Canada, les Amis du Centre Simon Wiesenthal, a qualifié cette décision de choquante. Le chef de l’opposition Pierre Poilievre (Parti conservateur) est lui aussi monté au créneau et a dénoncé une « grave erreur de jugement ».

En France aussi cette invitation est fustigée. Interrogé par la rédaction d’OMERTA, l’avocat Arno Klarsfeld a qualifié « d’indigne » ces applaudissements par un parlement occidental. « Ils disent que c’est une méprise. Mais qui combattaient les Soviétiques en Ukraine pendant la seconde guerre mondiale hormis les Nazis et les supplétifs ukrainiens qui avaient rejoint les Waffen-SS ? » Arno Klarsfeld poursuit et dénonce de la « complaisance ». « Les Ukrainiens sont nos alliés, on ne veut pas gêner nos alliés », indique-t-il. 

Allégeance au Führer

La division Waffen-SS « Galicie » a notamment été accusée d’avoir participé au massacre de 1000 habitants dans le village d’Huta Pieniacka. Cette commune, partie intégrante de la Pologne avant la Seconde Guerre mondiale, a ensuite été rattachée à la Galicie, dans l’Ouest de l’Ukraine. Selon le rapport final de la commission d’enquête canadienne sur les crimes de guerre publié en 1986, il n’aurait « jamais » été prouvé que cette division avait participé au massacre. Cependant, les conclusions de ce rapport ont été réfutées en 2003 par l’institut polonais de la mémoire. S’appuyant sur des documents retrouvés en 1999, l’institution a estimé que les hommes du 4e régiment de la division Waffen-SS « Galicie » avaient bien commis ces actes.

En s’engageant dans cette division, Yaroslav Hunka a dû prêter serment au Führer, auquel il jure « fidélité et bravoure ». Auteur d’une thèse sur la politique de formation idéologique de la SS, l’historien David Gallo explique dans un dossier sur le sujet que « le nazisme hérite quelque chose de cette longue tradition – qu’est le serment prêté au monarque – dans laquelle le serment constitue la pierre angulaire symbolique d’un rapport de pouvoir et d’obéissance ».

Embarrassé, le président de la Chambre des communes canadienne a dit « regretter » d’avoir salué Yaroslav Hunka. Antony Rota a également déclaré « être le seul responsable de cette initiative ». Dans le même temps, le bureau du Premier ministre Justin Trudeau a nié toute implication dans l’affaire et réaffirmé l’indépendance du président de la Chambre des communes. « Ni le cabinet du Premier ministre ni la délégation ukrainienne n’avaient été informés à l’avance de l’invitation ou de la reconnaissance » s’est défendu l’entourage de Justin Trudeau. Sur Facebook, une photo publiée par la belle fille de Yaroslav Hunka, laisserait entendre que le Premier ministre canadien et Volodymyr Zelensky aurait rencontré l’homme en privé.
 

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