L’art de la négociation, version Trump

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C’est le livre qui l’a rendu célèbre. Co-écrit avec le journaliste Tony Schwarz et publié en 1987, cet ouvrage qui prodigue des conseils sur comment réussir dans les affaires est devenu le mantra de Donald Trump. Au moment de sa parution, il est certain que son éditeur n’imaginait pas une seule seconde que ce titre servirait un jour de référence à la politique étrangère américaine.

Et pourtant, depuis l’élection de Donald Trump, c’est ce qui est en train de se produire. Hier dans son discours devant le Congrès américain, le président affirmait que les États-Unis allaient reprendre le canal de Panama et que, d’une façon ou d’une autre, le Groenland allait leur revenir. En réalité, la société américaine Blackrock avait déjà racheté le canal, les Chinois et leur société hongkongaise, devant les menaces d’annexion de Trump, s’étant prudemment retirés. Exit la Chine du canal donc. Les ports stratégiques du célèbre canal passent sous contrôle américain, pour la modique somme de 22,8 milliards de dollars. Autre illustration de l’art de la négociation façon bulldozer appliqué par Trump, l’affaire des ressortissants colombiens séjournant illégalement sur le sol américain. Le président colombien avait refusé de les reprendre. Trump a menacé de sanctions douanières et tout s’est arrangé. Sur cette question du retour des migrants, même l’Algérie a accepté de récupérer les quelques 300 illégaux présents aux USA. La France, elle, ne parvient toujours pas à expulser une poignée d’influenceurs sous OQTF…

Mais Trump va beaucoup plus loin. Sur le front de Gaza, et alors que le Hamas avait suspendu la libération des otages, Trump avait menacé l’organisation de voir s’abattre sur elle le « feu de l’enfer » si les otages n’étaient pas tous libérés le samedi 15 février à midi. Le Hamas n’a pas libéré tous les otages, mais le processus a redémarré ce même samedi. Dans « l’art du deal », on ne peut pas tout avoir, mais la politique de la force version Trump, ça fonctionne.

Dernier exemple et non des moindres. Vendredi, après l’altercation en direct à la Maison Blanche entre Trump et Zelensky, ce dernier refuse de signer l’accord sur les minéraux et quitte le pays. Samedi, le président ukrainien se retrouve à Londres pour réclamer l’aide des Européens. Ceux-ci lui donnent des miettes et lui conseillent de s’excuser auprès de Trump. Lundi, Trump déclare que si Zelensky ne vient pas s’asseoir à la table des négociations de paix, il ne va pas « rester en poste très longtemps ». Quelques heures plus tard, le président américain coupe l’aide militaire à l’Ukraine et conditionne son retour au fait que Zelensky manifeste une vraie volonté de faire la paix. Aujourd’hui mercredi, Zelensky s’est excusé et il annonce qu’il est prêt à signer l’accord. Dans les échanges, Trump lui aurait suggéré que s’il ne manifestait pas sa volonté de faire la paix, il laisserait Poutine le vaincre.

End of the story…

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