Vendredi 21 février, le président syrien Ahmed al-Sharaa a rencontré l’ambassadeur chinois à Damas, Shi Hongwei, marquant ainsi la première interaction diplomatique publique entre la Syrie et la Chine depuis le renversement de Bachar al-Assad en décembre dernier. Cette rencontre s’inscrit dans un contexte de recomposition politique en Syrie et de repositionnement des alliances internationales.
L’agence de presse officielle syrienne SANA a rapporté l’événement sans fournir de détails sur les discussions. Cependant, cette entrevue illustre la volonté du nouveau pouvoir syrien d’entretenir des relations avec Pékin, malgré le soutien affiché de la Chine à l’ancien régime.
La chute d’Assad, survenue après une offensive éclair menée par une coalition de factions rebelles dirigée par Hayat Tahrir al-Sham (HTS), a provoqué des bouleversements internes majeurs. L’instabilité qui a suivi a notamment conduit au pillage de l’ambassade chinoise à Damas, un acte perçu comme une manifestation du ressentiment envers Pékin, allié historique du régime déchu.
Cette rencontre entre le président Sharaa et l’ambassadeur chinois suscite des interrogations quant à l’évolution des relations sino-syriennes. La Chine, qui a investi dans plusieurs projets de reconstruction sous Assad, doit désormais composer avec un pouvoir en grande partie dominé par des factions islamistes. Parmi elles, certaines ont intégré des combattants étrangers, notamment ouïghours, une minorité musulmane que Pékin accuse de terrorisme et dont elle craint l’influence en Chine.
Si le nouveau gouvernement syrien affirme vouloir gouverner dans le respect des minorités et sans exporter de révolution islamiste, plusieurs chancelleries occidentales restent sceptiques. L’intégration de figures issues d’anciens groupes djihadistes à des postes-clés alimente les incertitudes sur la trajectoire politique du pays et la stabilité de son gouvernement.
Avant son renversement, Assad bénéficiait du soutien affiché de Pékin, illustré par sa visite en Chine en 2023 où il avait été chaleureusement reçu par le président Xi Jinping. Désormais, la Chine devra redéfinir sa stratégie en Syrie et déterminer si elle souhaite conserver une influence dans un pays dont l’avenir politique demeure incertain.