Le 3 novembre, dans son siège historique de la Place de Valois, situé à Paris en face du Palais-Royal, le Parti Radical, doyen des partis politiques français et membre de la majorité présidentielle organisait une table-ronde autour des questions constitutionnelles. Étaient présents l’ancien ministre radical-socialiste Émile Zuccarelli, le politologue socialiste Paul Alliès (issu du trotskisme), Harold Huwart, maire radical-socialiste de Nogent-le-Rotrou et le constitutionnaliste Didier Mauss.
Partant d’une interrogation sur la nécessité de maintenir la fonction de Premier ministre (et donc le régime parlementaire) ou de basculer vers un régime présidentiel, les orateurs ont exposé leurs idées quant à l’évolution de notre constitution.
Pour Émile Zuccarelli, 82 ans, qui fut député-maire de Bastia, le choix de l’élection du Président de la République en 1962 par le général de Gaulle demeure malencontreux. Mais il a souligné la capacité démontrée de la constitution de la Ve République à fonctionner en situation de cohabitation. Paul Alliès, 77 ans, président de la Convention pour une sixième république, souhaite un alignement sur la majorité sur les autres de l’Union européenne en donnant les pouvoirs de décision au Premier ministre. Il propose le maintien du Président de la République au suffrage universel direct mais vidé de ses principaux pouvoirs.
Harold Huwart, 40 ans, vice-président du Parti Radical, a d’abord fait remarquer que le débat sur la nécessité d’une VIe République est passé au second plan au sein du parti, faute de poids politique. Pourtant, il pense qu’il y a une nécessité de réfléchir aux institutions : « On a le risque d’avoir un populiste à l’Élysée qui ne respecte pas les principes républicains ». Se félicitant de la présidence d’Emmanuel Macron, il pense néanmoins qu’il y a une « nécessité de réfléchir à restreindre les pouvoirs du Président de la République et à restaurer les pouvoirs du Parlement ». Insistant sur le fait que nous soyons passés du tiers à 10 % seulement de textes d’initiatives parlementaires parmi les lois adoptées, il en conclut que « la présidentialisation de la Ve République en 1962 est la source de nos problèmes ».
Le professeur Didier Mauss commence son intervention par énoncer que « réfléchir sur la meilleure façon d’organiser la République, c’est une valeur radicale ». Il a insisté sur le caractère mouvant d’une constitution et la nécessité, énoncée par le général de Gaulle lors de son discours de Bayeux en 1946, qu’elle corresponde à un pays et à une époque donnée. Il a rappelé la nostalgie de François Mitterrand pour les débats de la IVe République, période où les partis du centre faisaient et défaisaient les majorités. Un rôle charnière occupé par Les Républicains dans l’actuelle législature. À la question de savoir si l’on peut se passer de Premier ministre, il a souligné que c’était une idée commune à Édouard Balladur et François Fillon. Lui pense que l’on ne peut se passer de cette fonction qui permet somme toute de gouverner le pays en situation de cohabitation ou de majorité relative.
Paul Alliès a souligné en guise de conclusion que la Ve République était le modèle cité par Giorgia Meloni, la nouvelle cheffe du gouvernement de la droite italienne, pour envisager une réforme de la constitution de son pays. Cela justifiait à ses yeux de limiter les pouvoirs du Président de la République en France.